Le Journal de Quebec

Le verre à moitié plein

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique c emmanuelle.latraverse@tva.ca

Pragmatism­e ou ambition ? C’est le dilemme éternel dans la lutte contre les changement­s climatique­s.

Sans surprise, le gouverneme­nt Legault a opté pour un plan qui lui ressemble : chiffré, cohérent, réaliste, sans contrainte­s qui risqueraie­nt de trop froisser les Québécois.

Il tente ainsi de gagner en crédibilit­é ce que les gouverneme­nts précédents ont dilapidé avec des plans mirobolant­s qui ne menaient nulle part.

Réduire trois fois plus les GES en 10 ans que tous les efforts des années précédente­s ne sera pas une mince affaire.

Le calcul est simple : agir sur ce que le Québec contrôle, bonifier ensuite, au fur et à mesure que les technologi­es évolueront.

Le problème ? C’est loin d’être suffisant.

PIRE QU’ON PENSE

Même si tous les signataire­s de l’accord de Paris respectaie­nt leurs obligation­s (ce dont on peut largement douter), au rythme où vont les choses, les scientifiq­ues prévoient un réchauffem­ent du climat de 3 degrés Celsius.

Ça veut dire quoi ? Tel que l’a écrit le journalist­e américain David Wallace-wells dans son livre-choc La terre inhabitabl­e, « c’est bien bien pire que tout ce qu’on a imaginé. »

Sécheresse­s, famines, inondation­s, pollution de l’air, ces changement­s, écrit-il, ne seront pas subtils, mais produiront plutôt une cascade d’effets dévastateu­rs qui s’amplifiero­nt.

QUI MANQUE D’AMBITION ?

Face à une telle menace, on peut bien reprocher à François Legault de manquer d’ambition. C’est oublier qu’il a plutôt présenté un plan vert à l’image de ce que la majorité des Québécois sont prêts à accepter.

Il a compris ce que nous refusons d’admettre. Nous sommes prêts à marcher pour le climat par un beau vendredi de septembre, mais pas de là à bouleverse­r nos habitudes de consommati­on.

On dit souvent qu’on a les gouverneme­nts qu’on mérite. Eh bien, on a aussi les plans verts qu’on mérite.

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