Le Journal de Quebec

Steven Guilbeault contre la liberté d’expression ?

- mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

La querelle de la liberté d’expression s’est frayé un chemin à Tout le

monde en parle, dimanche soir. Invité à commenter le débat entourant la censure de La petite vie,

Steven Guilbeault y est allé de cette déclaratio­n surprenant­e : « Notre droit s’arrête là où la blessure de quelqu’un d’autre commence ».

BLESSURE

Cette affirmatio­n est grave et je suis obligé de lui poser quelques questions pour l’inviter à clarifier sa réflexion. Sans quoi nous devrons constater qu’il vient de se soumettre à la « tyrannie des susceptibl­es ».

Allons-y: si un homme se sent blessé par un discours critique à propos de sa religion, est-il en droit de demander à ce qu’on fasse taire celui qui le tient ?

S’il se sent blessé par l’usage d’un mot dans un contexte académique, peut-il exiger le renvoi d’un professeur ?

S’il n’aime pas une série d’il y a 25 ans, peut-il demander qu’on la retire des ondes ?

Question surprise : si je me sens blessé par le discours délirant des militants du lobby du racisme systémique contre le peuple québécois, suis-je en droit de leur demander d’enfin arrêter ? Si tel n’est pas le cas, dois-je en conclure que certaines communauté­s ont davantage le droit de ne pas être blessées que d’autres ?

COMMUNAUTÉ­S

La question de la liberté d’expression n’est pas compliquée. Mis à part la diffamatio­n et l’appel à la violence, rien ne devrait être interdit. Ce qui n’empêche pas d’être poli et de respecter les règles de la décence. Personne, au Québec, ne réclame le droit d’insulter les Noirs, par exemple.

Mais prononcer le titre d’un livre ne devrait jamais être considéré comme indécent ou comme une insulte, quoi qu’en disent les hypersensi­bles.

Qu’on cesse de faire semblant que la question est ailleurs.

Et aucune « communauté » ne devrait avoir le droit d’imposer sa définition du blasphème à l’ensemble de la société.

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