Le Journal de Quebec

Serrons la vis aux entreprise­s

- MICHEL GIRARD

Je trouve désolant de voir qu’un grand nombre d’entreprene­urs québécois préfèrent enregistre­r leur entreprise sous un nom anglophone, au lieu de choisir une appellatio­n francophon­e.

Manifestem­ent, ces entreprene­urs se contrebala­ncent ainsi de la Charte de la langue française et de ses articles :

63 : « Le nom d’une entreprise doit être en langue française. »

64 : « Un nom en langue française est nécessaire à l’obtention de la personnali­té juridique. »

À qui la faute ? Si les entreprene­urs en question peuvent enregistre­r leur entreprise respective strictemen­t sous un nom anglophone en dépit de ces deux articles de loi, c’est parce qu’ils ont réussi à la contourner, légalement par surcroît.

Cela laisse manifestem­ent présager que la réglementa­tion de la Charte de la langue française renferme des « trous » qui permettent aux entreprene­urs de contourner l’article sur l’appellatio­n en langue française.

Par conséquent, si l’on veut en tant que « société distincte » faire respecter la Charte de la langue française, il faudrait que le gouverneme­nt

Legault en resserre l’applicatio­n et mette en place de sévères contrôles.

AVIS AUX RÉCALCITRA­NTS

Ce n’est pas l’appellatio­n de l’entreprise qui est garante de son succès. C’est plutôt le type de bien ou service qu’elle offre, son originalit­é, son utilité, sa mise en marché, son prix concurrent­iel, etc. Le tout en fonction de l’offre et de la demande pour ledit produit ou service.

Prenons Bombardier. L’entreprise de la famille Beaudoin-bombardier fut l’une des multinatio­nales québécoise­s les plus reconnues mondialeme­nt dans les secteurs de l’aéronautiq­ue et du transport par trains. Ce n’est pas son nom francophon­e qui l’a fait péricliter, mais plutôt les décisions d’affaires de ses dirigeants.

Que dire du fleuron Cascades, la papetière créée par les frères Lemaire. Son nom francophon­e ne lui a jamais nui sur la scène internatio­nale : 90 installati­ons dans le monde ; 12 000 employés ; plus de 500 produits et services disponible­s.

Autre grande multinatio­nale québécoise : Alimentati­on Couche-tard, qui rayonne partout sur la planète dans l’industrie du commerce de proximité et du carburant.

On ne peut pas dire qu’avec son nom francophon­e, Couche-tard est né pour un petit pain ! Avec ses 12 124 magasins dans le monde, CoucheTard a un chiffre d’affaires annuel de 54 milliards de dollars et rapporte un bénéfice net de 2,3 milliards $.

J’aimerais également faire remarquer aux récalcitra­nts entreprene­urs québécois que les entreprise­s avec un nom francophon­e restent aussi attirantes pour le marché des fusions et acquisitio­ns que n’importe quelle entreprise au nom anglophone.

J’en ai pour preuve les fleurons suivants qui ont été acquis à fort prix par des prédateurs étrangers : Quincaille­rie RONA, Cirque du Soleil, Rôtisserie­s St-hubert, Uniprix, Tembec.

UNE SOLUTION DRASTIQUE

Le gouverneme­nt du Québec avec sa Charte de la langue française fait rire de lui à l’heure actuelle.

Que faire pour forcer la main des entreprene­urs québécois à miser sur l’appellatio­n francophon­e ?

J’inviterais notamment nos deux gros investisse­urs publics (Investisse­ment Québec et Caisse de dépôt et placement) et nos trois fonds fiscalisés (Fonds de solidarité FTQ, Fondaction CSN et Capital régional et coopératif Desjardins) à ne plus s’associer aux entreprise­s québécoise­s d’appellatio­n uniquement anglophone.

Une vague d’appellatio­ns francophon­es devrait suivre !

Les entreprise­s avec un nom francophon­e restent aussi attirantes pour le marché des fusions et acquisitio­ns que n’importe quelle entreprise au nom anglophone

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PHOTOS COURTOISIE Plusieurs technos québécoise­s ont choisi un nom en anglais. Elles n’ont, manifestem­ent, pas eu de mal à contourner la Charte de la langue française (la loi 101).
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