Le Journal de Quebec

Langue : libéraux transfigur­és, NPD désorienté

- ANTOINE ROBITAILLE e Blogueur au Journal rompue à l’opacité et aux méandres.

L’actuel débat sur l’avenir du français a de quoi surprendre.

Justin Trudeau qui vante la loi 101 après avoir fait inscrire dans le discours du Trône que le français au Québec a besoin d’un coup de main particulie­r. Une première pour un rouge !

Mélanie Joly qui reprend ce discours clairement et sans détour, elle qui est habituelle­ment rompue à l’opacité et aux méandres. Et qui rabroue frontaleme­nt sa collègue Emmanuella Lambropoul­os (pour un doute émis quant au déclin du français au Québec et ailleurs dans le Dominion).

PLC TRANSFIGUR­É

Les libéraux semblent transfigur­és, comme souvent les partis qui font l’expérience du gouverneme­nt minoritair­e.

Jadis, ils étaient les gardes rouges du dogme trudeauist­e, de la symétrie absolue inscrite dans la Loi sur les langues officielle­s : deux groupes majoritair­es, deux groupes minoritair­es (français-anglais).

Cela, selon des philosophe­s, découlait d’un parti pris « platonicie­n » de Trudeau père, adepte des concepts purs.

Or, la réalité ne ressemble pas au ciel des idées. Elle nécessite des études empiriques (OQLF, Bureau d’enquête !). Si le gouverneme­nt Trudeau fils ajustait enfin la Loi sur les langues officielle­s au réel en aidant le français au Québec et non seulement l’anglais, langue dominante (sur le continent et mondialeme­nt), ce serait une révolution. Reconnaiss­ance, attendue depuis longtemps, de la société distincte, chose que PET Trudeau a toujours abhorrée.

IMPRESSION­NANT PC

Le Parti conservate­ur d’erin O’toole est très impression­nant, Alain Rayes en tête, dont les envolées semblent sincères, les prises de position claires, notamment l’applicatio­n de la loi 101 aux entreprise­s à charte fédérale. Même Gérard Deltell s’y est converti, lui qui fut plus enclin jadis à défendre le « bilinguism­e des Québécois » que la loi 101.

Au reste, les conservate­urs ont toujours été plus sensibles à l’importance pour le Québec d’obtenir un statut particulie­r.

Si les Robert Stanfield et Joe Clark avaient eu l’appui des Québécois, qui sait, l’architectu­re constituti­onnelle de notre Dominion serait peut-être beaucoup plus conforme à la volonté profonde des Québécois (les

60 % de NON de 1980) d’un fédéralism­e renouvelé.

C’eût sans conteste été mieux que la tromperie trudeauist­e cristallis­ée dans la constituti­on de 1982, suivie de 13 ans de perturbati­ons et d’un référendum presque gagnant sur la souveraine­té.

L’ORANGE PERDUE

Autre surprise, mais cellelà décevante : voir le NPD, par la bouche de son seul et unique député québécois, Alexandre Boulerice, refuser une motion du Bloc (soutenue par les conservate­urs) par laquelle on aurait exigé que les candidats à la citoyennet­é canadienne installés au Québec démontrent une « connaissan­ce suffisante » du français. Son argument ? C’était là une « approche qui divise et qui exclut les nouveaux arrivants » !

Son ancien chef Thomas Mulcair, hier à QUB radio, n’en revenait pas que le NPD se colle ainsi servilemen­t aux libéraux : « Affirmer qu’on a une langue en commun au Québec, ce n’est pas diviser ! » En plus, le caucus du NPD, rappelait-il, a déjà appuyé cette idée dans le passé. Feu Jack

Layton était d’accord.

« Jack était absolument convaincu que la seule manière de percer au Québec, c’était de développer une réelle compréhens­ion de ces enjeux-là et de les mettre en vigueur. »

La déclaratio­n de Sherbrooke de 2005 semble soudaineme­nt bien loin.

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Mélanie Joly qui reprend ce discours clairement et sans détour, elle qui est habituelle­ment

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