Le visage paralysé six mois plus tard
Quinquagénaire avec une jambe toujours récalcitrante n’a pas encore pu reprendre son travail de mécanicien
Survivre aux soins intensifs n’était que le premier round d’un long combat contre la COVID-19, a appris un quinquagénaire qui n’a pas encore retrouvé l’usage complet d’une jambe en plus d’avoir la moitié du visage paralysée six mois après son hospitalisation.
« J’ai toujours une petite voix dans ma tête qui dit : “Est-ce que tout va revenir à la normale ?” lance Jean-françois Gagnon. On m’a ramené en vie, mais à quel prix ? »
Le Trifluvien de 59 ans a passé 53 jours à l’hôpital, dont 18 plongé dans un coma artificiel, après avoir contracté la COVID-19 à son retour de la République dominicaine, en mars.
« De la journée où j’ai commencé à avoir de forts symptômes – autour du 30 mars
– jusqu’à ma sortie du coma, je ne me souviens de rien », souffle-t-il.
Pendant ce temps, les médecins préparaient sa femme Nicole Jacobs au pire.
« On me disait : “On ne sait pas si on va être capable de le sauver”. C’est un miracle qu’il soit en vie », laisse-t-elle tomber.
Avant de contracter le virus, M. Gagnon se considérait comme un homme actif.
« Je suis mécanicien de véhicules lourds. C’est un travail quand même physique », explique-t-il.
« Il est du genre à finir de travailler et à continuer à bouger. Il a toujours quelque chose à faire sur la maison ou sur des véhicules », renchérit Nicole Jacobs.
Pourtant, dans sa chambre d’hôpital, M. Gagnon devait rassembler toutes ses forces pour se lever afin de voir sa femme à travers sa fenêtre, pandémie oblige.
« Dans les premiers temps, je tenais debout une minute. Après ça, les deux genoux me lâchaient », confie-t-il.
LANGUE ENGOURDIE
Puis une partie de son visage est encore paralysée.
« C’est la même sensation que quand tu sors avec la bouche gelée de chez le dentiste. Et le bout de ma langue est engourdi, comme si j’avais mangé de la soupe trop chaude », précise-t-il.
Il explique que le problème est causé par l’intubation qu’il a subie.
Pour M. Gagnon, le vrai combat contre la COVID-19 a commencé après son réveil aux soins intensifs.
« L’après-soins intensifs, c’est toute une réalité. C’est là que tu te rends compte des dommages. Ma jambe gauche [hypothéquée], ma paralysie faciale, la tachycardie... Tout ça à cause de la COVID », souffle-t-il.
Avant de revenir à la maison, il est passé par un centre de réadaptation, où il est demeuré environ une semaine.
« En entrant là, mon pied gauche était comme de la guenille. J’étais à peine capable de marcher quelques mètres, de mon lit à ma salle de bain », dit JeanFrançois Gagnon.
Il avait perdu environ 40 % de sa force musculaire et une cinquantaine de livres.
Encore aujourd’hui, il consulte un kinésiologue et fait de la physiothérapie deux fois par semaine afin de retrouver l’usage de son pied gauche, toujours très faible.
« Ça avait bien marché avec mon orthèse, mais [depuis le 22 octobre], je l’ai enlevée. Je n’ai plus d’endurance. J’ai monté des marches et j’en ai eu pour deux jours à récupérer », raconte-t-il.
« J’AI TOUJOURS UNE PETITE VOIX DANS MA TÊTE QUI DIT : “EST-CE QUE TOUT VA REVENIR À LA NORMALE ?” » – Jean-françois Gagnon
INCAPABLE DE TRAVAILLER
Le mécanicien est toujours inapte à retourner au travail, même s’il a hâte de reprendre ses activités professionnelles.
« Dans un garage, il y a des tuyaux par terre, de l’huile et toutes sortes de choses. Parfois, je dois monter sur un pneu pour faire une réparation. Je ne peux plus faire ça avec une seule jambe pour “m’assurer” », explique-t-il.
En plus d’avoir des séquelles physiques qui l’empêchent de reprendre sa vie normale, il doit maintenant prendre de la médication pour contrôler sa tachycardie.
« Mon rythme cardiaque est trop élevé. Est-ce que ça va rester pour toujours ? On ne le sait pas », dit-il.