Le Journal de Quebec

Réapprendr­e à marcher... et manger

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« JE SUIS SORTI EN PLEURANT, ÇA MARQUE UN HOMME. JE N’AI JAMAIS CRU QUE JE SERAIS CAPABLE DE REVENIR [À LA MAISON] » – Jacques Goupil

étant non, Mme Hains a insisté pour que les médecins continuent les soins.

« Ce que j’ai vécu, on me dit qu’il n’y a pas un homme qui est capable de passer au travers conscient », souffle M. Goupil.

Sa fièvre était si élevée et tenace que les médecins l’ont couché dans un lit réfrigéré pour faire baisser sa températur­e.

SON ANGE SOURIANT

Une fois débarrassé de la COVID-19 et sorti du coma, son combat était loin d’être terminé. Jacques Goupil avait survécu inconscien­t pendant des semaines, et le vrai travail commençait.

Encore gavé et amaigri de 70 lb, il est retourné à l’hôtel-dieu de Lévis. Il devait reprendre des forces et réapprendr­e à marcher, à manger et même à parler.

Seul et terrassé par la maladie, Jacques Goupil ne cache pas qu’il était dépressif, parfois même agressif.

Mais il salue le travail d’une préposée aux bénéficiai­res (PAB), « un ange », qui a su le « casser avec son sourire ».

« Je lui dois d’être capable de marcher aujourd’hui », dit-il.

Cette jeune PAB, Claudia Martineau-Ferland, se souvient bien de ce patient qui lui donnait du fil à retordre, étourdi, dès qu’il se levait, ne mangeant presque pas et vomissant beaucoup. Mais elle a su lui donner de petits défis chaque jour.

FALLAIT LE BRASSER

« Ça prenait quelqu’un pour le brasser », dit-elle en riant. Puis elle avait aussi plus d’un tour dans son sac. Par exemple, elle lui demandait de faire 15 minutes d’exercices sur un vélo assis, mais ne revenait dans sa chambre que 20 ou 30 minutes plus tard.

« Je lui disais : “tu n’as pas l’heure ?” », se rappelle Jacques Goupil, à la fois frustré et amusé.

Ou elle lui demandait de marcher jusqu’à la porte, puis à une poubelle dans le corridor et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il traverse l’unité au complet.

Les astuces de Claudia ont été si fructueuse­s qu’il a pu retourner directemen­t chez lui et éviter un séjour en CHSLD.

À sa sortie, les employés ont même fait une haie d’honneur pour lui.

« Je suis sorti en pleurant, ça marque un homme. Je n’ai jamais cru que je serais capable de revenir [à la maison] », laisset-il tomber, ému.

LES CULOTTES À TERRE

La maladie ne lui a rien fait perdre de son sens de l’humour. M. Goupil se rappelle en riant qu’il est sorti avec les mêmes vêtements qu’il portait à son arrivée des mois plus tôt.

Mais sa ceinture ne retenait plus ses pantalons, qui tombaient aux chevilles dès qu’il lâchait son emprise, relate l’homme qui était alors passé de 195 lb à 125 lb.

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CLAUDIA MARTINEAU-FERLAND Préposée aux bénéficiai­res

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