Le Journal de Quebec

Elle est guérie de la COVID-19, mais toujours hypothéqué­e

- HUGO DUCHAINE

« Je suis dans les statistiqu­es des guéris, mais il y a aussi les hypothéqué­s, et on est nombreux en titi », murmure Violaine Cousineau, incapable de hausser la voix, étouffée par l’essoufflem­ent.

Âgée de 46 ans, mère de deux enfants et prof de français au cégep, elle se décrit comme « extraordin­airement en forme avant d’avoir ce foutu virus ».

« J’étais certaine que si j’étais malade, ça durerait 10 jours et ce serait tout. Je suis tellement en santé », poursuit-elle.

Elle a contracté la COVID-19 en octobre, de sa fille, à la suite d’une éclosion dans son école secondaire. Un endroit où la Montréalai­se exhorte d’ailleurs le gouverneme­nt à instaurer davantage de mesures.

Pour son aînée, la maladie n’a eu que les allures d’un rhume. Violaine Cousineau a quant à elle éprouvé une forte fièvre, une grosse toux et les autres symptômes typiques.

MÊME PAS HOSPITALIS­ÉE

Et même si elle est restée alitée trois jours, incapable de bouger, elle n’a pas eu besoin d’être hospitalis­ée. Elle n’a pas sombré dans le coma ou eu besoin d’être intubée pour respirer.

« Il n’y a rien eu de grave dans mon cas », fait-elle valoir. Et pourtant, six semaines après avoir été officielle­ment guérie du coronaviru­s, elle est loin de s’être débarrassé­e des séquelles.

Les médecins lui ont dit qu’elle en aurait pour « des semaines, des semaines et des semaines » à récupérer.

Son faible filet de voix est le plus frappant. Après seulement sept minutes au téléphone avec Le Journal, elle avait presque entièremen­t perdu la voix, incapable de continuer.

« J’imagine que ma voix reviendra à un moment donné, je l’espère… Mais ma capacité pulmonaire, elle, je la sens tellement atteinte. Je ne peux pas m’imaginer quand je serai à nouveau capable de marcher une heure. C’est très handicapan­t », souffle-t-elle.

Pour l’instant, elle sera en congé maladie jusqu’en février. Le temps de passer « une batterie de tests » pour vérifier si ses organes sont atteints. Déjà, on lui a détecté un souffle au coeur qui commande d’être davantage investigué, s’inquiète-t-elle.

C’est pourquoi elle a appelé les Québécois à la prudence à l’approche du temps des Fêtes dans une vidéo partagée sur Facebook.

« Les gens ont peut-être de la difficulté à faire des sacrifices pour les autres… mais câline, qu’ils le fassent pour euxmêmes. Sinon, il y a trop de gens qui seront hypothéqué­s », craint-elle.

Car son cas est loin d’être unique. Mais comme elle le répète, elle ne fait partie que des statistiqu­es des personnes guéries. Ce qui ne donne pas un portrait juste de la maladie.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY Auparavant en forme, Violaine Cousineau, peine à marcher après sa guérison.

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