Le Journal de Quebec

Un agent d’artistes qui entend mal

La COVID-19 a fait perdre des fréquences à un homme dont la tâche est de représente­r des musiciens

- ROXANE TRUDEL

Après avoir perdu l’odorat et le goût, un gérant d’artistes musicaux, qui a perdu la capacité d’entendre certaines fréquences depuis sa bataille avec la COVID-19, espère maintenant retrouver son ouïe.

« Je n’avais pas écouté de la musique avec des écouteurs depuis très longtemps. Cette semaine, je devais écouter quelque chose de très spécifique, et je me suis aperçu que j’ai perdu des fréquences au niveau de l’ouïe. Ça m’inquiète, puisqu’il s’agit de mon gagne-pain », souffle Pedro Barbosa, encore surpris.

« Je me suis aperçu que les fréquences hautes sont trop fortes, et les basses je ne les entends presque pas, poursuit le mélomane. Comme agent d’artistes, je ne veux absolument pas perdre mon ouïe ! »

Le directeur artistique de 51 ans, qui se tient assez en forme et marche beaucoup, n’aurait jamais cru être aussi affecté par le virus.

Or, le 26 août, le Montréalai­s s’est réveillé en grosse douleur et brûlant de chaleur. Rien ne laissait présager de tels symptômes la veille.

« À ce moment-là, j’ai perdu l’odorat et le goût, j’ai eu des palpitatio­ns, des problèmes de digestion, zéro concentrat­ion. Mes deux semaines en quarantain­e, je n’étais pas fonctionne­l. Je ne pouvais pas travailler. J’étais sur le dos, j’avais de la difficulté à penser », se rappelle-t-il.

VIANDE... OU FRUIT ?

Il ne pouvait même plus distinguer un fruit d’un morceau de viande et ne se nourrissai­t « que pour rester en vie », illustre-t-il.

Et s’il a, depuis, recouvré à peu près son odorat et son goût, ce n’est plus pareil, précise-t-il.

« J’ai l’odorat très développé, le goût aussi. J’aime les bonnes choses, le vin, la bouffe, et je trouve qu’il y a certains mets, des épices, qui ne goûtent plus du tout comme avant », témoigne M. Barbosa.

Après trois semaines « pénibles », son état s’est doucement amélioré, mais certains symptômes persistent toujours.

Habituelle­ment très matinal, il peine aujourd’hui à sortir de son lit le matin, nécessitan­t une bonne heure avant d’être fonctionne­l.

« Je me sens comme si j’avais bu la veille. J’ouvre les yeux et c’est comme un étourdisse­ment. Avec la fatigue constante, je dois faire des sommes tous les jours », dit-il.

« L’AIR NE RENTRE PAS »

« Et quand je marche, dès qu’il y a une côte, je fatigue. J’ai des difficulté­s à respirer. On dirait que l’air ne rentre pas. J’ai des palpitatio­ns, des spasmes occasionne­ls », ajoute M. Barbosa.

Aujourd’hui, il souhaite raconter son histoire pour inciter les citoyens à prendre la maladie au sérieux, lui qui en subit encore les répercussi­ons plusieurs mois plus tard.

« Non seulement, j’ai été affecté, je l’ai vécu, mais je le vis encore. J’ai vu des amis perdre des membres de leur famille, des gens être très malades. C’est vraiment une grosse maladie, pas juste une petite grippe, qui risque d’affecter beaucoup de gens à long terme », conclut-il en soupirant.

D’autant plus, insiste-t-il, qu’il croit avoir été atteint une première fois par le virus au printemps lorsqu’il a vécu un épisode de fièvre, sueurs froides et maux de tête. Il n’avait cependant pas été testé alors, puisqu’il n’avait pas été en contact avec un cas positif.

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PHOTO AGENCE QMI, DOMINICK GRAVEL Assis dans le studio où il travaille habituelle­ment, le directeur artistique Pedro Barbosa, 51 ans, a perdu partiellem­ent l’ouïe à cause de la maladie qui l’a frappé.

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