Le Journal de Quebec

Elles oublient tout bien des mois après

Peu de gens savent que des problèmes de concentrat­ion ou de mémoire peuvent survenir au retour à la maison

- ERIKA AUBIN

Des femmes qui continuent de vivre avec des troubles de concentrat­ion et de mémoire après avoir souffert de la COVID-19 s’inquiètent que ces séquelles aient des conséquenc­es plus tard sur leur cerveau.

« C’est comme s’il me manquait une partie de moi », lance Sandra Leblond en comparant son état à la fois où elle a eu une commotion cérébrale.

« J’ai peur que ça reste permanent ; ça fait des mois et ça ne s’améliore pas », poursuit l’infirmière auxiliaire de Boisbriand, qui a contracté le virus dans son milieu de travail, début juin.

À ce moment-là, la femme de 32 ans croyait que ses problèmes de concentrat­ion et de mémoire étaient causés par la fatigue et la maladie. Voilà que des mois plus tard, ils affectent encore son quotidien.

« J’ouvre une armoire et je ne me rappelle pas que je suis venue chercher le pot de beurre de peanuts. Je dois me faire des listes de choses et de commission­s à faire, sinon je ne m’en souviens pas. J’oublie de dégeler la viande pour le souper », citet-elle en exemple.

La jeune mère de famille précise que ces oublis ne lui ressemblen­t pas.

Au travail, elle se sent « plus lente, moins productive » et la crainte d’un oubli majeur est toujours présente.

MON NUMÉRO DE TÉLÉPHONE ?

Sophie Huppe a eu des problèmes de concentrat­ion et de mémoire qui se sont poursuivis durant cinq mois après avoir contracté le virus.

« J’oubliais mon adresse, mon numéro de porte et mon code postal. Même mon propre numéro de téléphone posait problème. J’avais de la difficulté à répondre à des questions simples et rapides. Au travail, on me parlait d’un dossier et je ne savais plus de qui il s’agissait », décrit la femme de 45 ans.

RETOUR PROGRESSIF

Voyant son état s’améliorer à la fin de l’été, la travailleu­se sociale a entamé un retour progressif au boulot.

Cependant, pour être en mesure de reprendre le travail à temps plein, elle a dû faire des changement­s dans sa vie.

Elle a notamment délaissé ses études supérieure­s et a ralenti son rythme de vie.

« Par exemple, je ne peux plus me planifier une soirée chargée après une journée de travail, sachant que je vais sûrement être trop fatiguée. Je prends du mieux, mais je ne suis pas revenue à 100 % », explique celle qui souffre encore de fatigue et de maux de tête.

Comme les conséquenc­es à long terme du virus sont méconnues, Sophie Huppe vit avec certaines inquiétude­s.

« Est-ce que je vais avoir des pertes cognitives ? Est-ce que ça peut avoir un impact sur mon cerveau plus tard ? Je préfère ne pas y penser », dit-elle.

Avant de contracter le virus, Mme Huppe avait l’habitude de gravir des montagnes, de marcher jusqu’à 5 km chaque soir et de nager plusieurs fois par semaine.

Maintenant, elle perd son souffle en faisant la moindre activité physique.

« Il y a [trois semaines], j’ai monté à la course les marches du Vieux-québec. Je suis arrivée en haut avec une douleur à la poitrine. Et ça m’a fait mal pendant plusieurs heures », relate-t-elle.

L’essoufflem­ent est aussi un problème pour Sandra Leblond. La mère de famille a hâte de jouer au soccer avec ses deux enfants.

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