Le Journal de Quebec

Pressés comme des citrons

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Savez-vous pourquoi le ministre des Finances Eric Girard n’entend pas recourir aux hausses de taxes et d’impôts pour rééquilibr­er éventuelle­ment les finances du gouverneme­nt du Québec, lesquelles sont dans le trou cette année de 15 milliards de dollars à cause de la crise sanitaire et de la crise économique qui en découle?

Il évoque trois raisons. Un, les Québécois sont les plus taxés au Canada. Deux, les entreprise­s sont assujettie­s aux taxes sur la masse salariale les plus élevées au pays. Trois, c’est le Québec, qui, de toutes les provinces, est le plus rapide sur la gâchette pour percevoir les charges sociales, telles l’assurance-emploi, l’assurance parentale, les cotisation­s à la Régie des rentes du Québec.

Grand bien nous fasse !

Statistiqu­e Canada vient justement de publier cette semaine des données qui prouvent hors de tout doute que les Québécois sont fiscalemen­t pressés comme des citrons par les administra­tions publiques provincial­es, ce qui inclut le gouverneme­nt du Québec, les municipali­tés, les commission­s scolaires et autres institutio­ns publiques.

C’est nous, au Québec, qui subissons la plus forte « pression fiscale » de toutes les provinces, laquelle « pression fiscale, explique Statcan, mesure les impôts et les cotisation­s sociales (transferts obligatoir­es) que les administra­tions publiques imposent aux particulie­rs, aux entreprise­s et aux non-résidents, exprimés en pourcentag­e du PIB. »

Le Québec domine toutes les provinces avec une « pression fiscale » atteignant 21,5 % du PIB du Québec.

Le PIB québécois s’élevant à

460 milliards $ en 2019, c’est donc dire que nous aurions versé au Québec quelque 99 milliards $ en taxes, impôts, cotisation­s.

Par rapport à l’ontario, notre grande rivale fiscale et économique au pays, le Québec fait piètre figure. La pression fiscale en Ontario atteint les 16,8 % du PIB, soit 4,7 points de pourcentag­e plus bas que chez nous.

C’est fiscalemen­t énorme comme écart. Si le Québec exerçait le même niveau de pression fiscale qu’en Ontario, l’ensemble des Québécois (particulie­rs et entreprise­s) économiser­aient 21,6 milliards $.

Ne reste plus qu’à souhaiter que cet immense écart de ponction fiscale nous procure plus de services publics (et de meilleure qualité) qu’en Ontario.

Faudrait bien un jour qu’une étude objective vienne en faire la démonstrat­ion. D’ici là, croisons les doigts !

Si cela peut vous consoler, sachez que 21,5 % du PIB québécois, c’est le plus « bas » taux de pression fiscale depuis l’année 2011, où il était de 21,3 %. En 2015, sous l’ancien gouverneme­nt Couillard, la pression fiscale atteignait les 22,3 %. Et en 2018 : 21,8 %.

PONCTION FÉDÉRALE

Il ne faut pas oublier qu’à cette « pression fiscale provincial­e » s’ajoutent les impôts et taxes que nous versons au gouverneme­nt fédéral. La « pression fiscale » de l’administra­tion publique fédérale s’élève à 14,1 % du PIB.

Pour nous, Québécois, cela signifie que nous versons au fédéral quelque 65 milliards $ en impôts et taxes.

NUMÉRO 1

Le total de la facture fiscale des Québécois a ainsi atteint en 2019 les 164 milliards $, soit 99 milliards $ au provincial et 65 milliards $ au fédéral).

Cela représente 35,6 % du PIB du Québec. C’est 5,2 points de pourcentag­e de plus que dans l’ensemble des provinces et territoire­s canadiens.

Méchant écart en « faveur » de la Belle Province, championne de la pression fiscale !

Un titre qui nous colle à la peau depuis belle lurette.

Le ministre des Finances du gouverneme­nt Legault, Eric Girard, a beau dire qu’il n’augmentera pas les impôts et les taxes, on s’entend que cette « promesse » ne vaut en réalité que pour les deux prochains exercices financiers puisqu’il y aura élection provincial­e en octobre 2022.

Et qui dit que les municipali­tés, en raison des conséquenc­es financière­s de la COVID-19, ne seront pas obligées d’augmenter leurs taxes pour équilibrer leurs budgets, une obligation à respecter.

HAUSSE FÉDÉRALE APRÈS LES ÉLECTIONS ?

En raison justement de la crise sanitaire que l’on traverse depuis mars dernier, c’est le gouverneme­nt fédéral qui, de toutes les administra­tions publiques, se retrouve en fin de compte dans le pétrin financier.

En voulant sauver financière­ment les travailleu­rs et les entreprise­s victimes de la COVID-19, Justin Trudeau a mis en place un vaste Plan d’interventi­on économique de 228 milliards $.

Avec cet onéreux plan de sauvetage et la forte diminution des rentrées d’impôts et de taxes à cause de la crise économique liée à la pandémie, le gouverneme­nt fédéral va se retrouver à la fin du présent exercice financier aux prises avec un immense déficit de 343 milliards $.

Ce déficit est 13,7 fois plus élevé que le déficit prévu avant le déclenchem­ent de la pandémie du coronaviru­s.

Comme gouverneme­nt minoritair­e, le gouverneme­nt Trudeau ne va sûrement pas hausser les impôts et les taxes lors du prochain budget fédéral. Simple question de ne pas se mettre à dos la population avant les prochaines élections fédérales.

Mais au lendemain desdites élections, il y a fort à parier que le prochain gouverneme­nt fédéral (de Justin Trudeau ou d’erin O’toole) nous réserve une hausse d’impôts et de taxes en vue de retrouver un beau jour l’équilibre budgétaire.

Évidemment, ne comptez pas sur les libéraux et les conservate­urs pour vous l’annoncer lors de la prochaine campagne électorale.

Patience, c’est la surprise qu’ils nous réservent au lendemain des élections !

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PHOTO STEVENS LEBLANC Le ministre des Finances, Eric Girard, lors de la présentati­on de la mise à jour économique du 12 novembre dernier.
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