Pressés comme des citrons
Savez-vous pourquoi le ministre des Finances Eric Girard n’entend pas recourir aux hausses de taxes et d’impôts pour rééquilibrer éventuellement les finances du gouvernement du Québec, lesquelles sont dans le trou cette année de 15 milliards de dollars à cause de la crise sanitaire et de la crise économique qui en découle?
Il évoque trois raisons. Un, les Québécois sont les plus taxés au Canada. Deux, les entreprises sont assujetties aux taxes sur la masse salariale les plus élevées au pays. Trois, c’est le Québec, qui, de toutes les provinces, est le plus rapide sur la gâchette pour percevoir les charges sociales, telles l’assurance-emploi, l’assurance parentale, les cotisations à la Régie des rentes du Québec.
Grand bien nous fasse !
Statistique Canada vient justement de publier cette semaine des données qui prouvent hors de tout doute que les Québécois sont fiscalement pressés comme des citrons par les administrations publiques provinciales, ce qui inclut le gouvernement du Québec, les municipalités, les commissions scolaires et autres institutions publiques.
C’est nous, au Québec, qui subissons la plus forte « pression fiscale » de toutes les provinces, laquelle « pression fiscale, explique Statcan, mesure les impôts et les cotisations sociales (transferts obligatoires) que les administrations publiques imposent aux particuliers, aux entreprises et aux non-résidents, exprimés en pourcentage du PIB. »
Le Québec domine toutes les provinces avec une « pression fiscale » atteignant 21,5 % du PIB du Québec.
Le PIB québécois s’élevant à
460 milliards $ en 2019, c’est donc dire que nous aurions versé au Québec quelque 99 milliards $ en taxes, impôts, cotisations.
Par rapport à l’ontario, notre grande rivale fiscale et économique au pays, le Québec fait piètre figure. La pression fiscale en Ontario atteint les 16,8 % du PIB, soit 4,7 points de pourcentage plus bas que chez nous.
C’est fiscalement énorme comme écart. Si le Québec exerçait le même niveau de pression fiscale qu’en Ontario, l’ensemble des Québécois (particuliers et entreprises) économiseraient 21,6 milliards $.
Ne reste plus qu’à souhaiter que cet immense écart de ponction fiscale nous procure plus de services publics (et de meilleure qualité) qu’en Ontario.
Faudrait bien un jour qu’une étude objective vienne en faire la démonstration. D’ici là, croisons les doigts !
Si cela peut vous consoler, sachez que 21,5 % du PIB québécois, c’est le plus « bas » taux de pression fiscale depuis l’année 2011, où il était de 21,3 %. En 2015, sous l’ancien gouvernement Couillard, la pression fiscale atteignait les 22,3 %. Et en 2018 : 21,8 %.
PONCTION FÉDÉRALE
Il ne faut pas oublier qu’à cette « pression fiscale provinciale » s’ajoutent les impôts et taxes que nous versons au gouvernement fédéral. La « pression fiscale » de l’administration publique fédérale s’élève à 14,1 % du PIB.
Pour nous, Québécois, cela signifie que nous versons au fédéral quelque 65 milliards $ en impôts et taxes.
NUMÉRO 1
Le total de la facture fiscale des Québécois a ainsi atteint en 2019 les 164 milliards $, soit 99 milliards $ au provincial et 65 milliards $ au fédéral).
Cela représente 35,6 % du PIB du Québec. C’est 5,2 points de pourcentage de plus que dans l’ensemble des provinces et territoires canadiens.
Méchant écart en « faveur » de la Belle Province, championne de la pression fiscale !
Un titre qui nous colle à la peau depuis belle lurette.
Le ministre des Finances du gouvernement Legault, Eric Girard, a beau dire qu’il n’augmentera pas les impôts et les taxes, on s’entend que cette « promesse » ne vaut en réalité que pour les deux prochains exercices financiers puisqu’il y aura élection provinciale en octobre 2022.
Et qui dit que les municipalités, en raison des conséquences financières de la COVID-19, ne seront pas obligées d’augmenter leurs taxes pour équilibrer leurs budgets, une obligation à respecter.
HAUSSE FÉDÉRALE APRÈS LES ÉLECTIONS ?
En raison justement de la crise sanitaire que l’on traverse depuis mars dernier, c’est le gouvernement fédéral qui, de toutes les administrations publiques, se retrouve en fin de compte dans le pétrin financier.
En voulant sauver financièrement les travailleurs et les entreprises victimes de la COVID-19, Justin Trudeau a mis en place un vaste Plan d’intervention économique de 228 milliards $.
Avec cet onéreux plan de sauvetage et la forte diminution des rentrées d’impôts et de taxes à cause de la crise économique liée à la pandémie, le gouvernement fédéral va se retrouver à la fin du présent exercice financier aux prises avec un immense déficit de 343 milliards $.
Ce déficit est 13,7 fois plus élevé que le déficit prévu avant le déclenchement de la pandémie du coronavirus.
Comme gouvernement minoritaire, le gouvernement Trudeau ne va sûrement pas hausser les impôts et les taxes lors du prochain budget fédéral. Simple question de ne pas se mettre à dos la population avant les prochaines élections fédérales.
Mais au lendemain desdites élections, il y a fort à parier que le prochain gouvernement fédéral (de Justin Trudeau ou d’erin O’toole) nous réserve une hausse d’impôts et de taxes en vue de retrouver un beau jour l’équilibre budgétaire.
Évidemment, ne comptez pas sur les libéraux et les conservateurs pour vous l’annoncer lors de la prochaine campagne électorale.
Patience, c’est la surprise qu’ils nous réservent au lendemain des élections !