Choc électrique chez BRP
Le constructeur québécois double son équipe dédiée à ce mode de propulsion
Sans le savoir, cet été, vous avez peut-être croisé une des futures motos électriques de Bombardier Produits récréatifs (BRP) à Montréal ou à Sherbrooke.
Quelques chanceux ont eu la chance d’essayer des prototypes de BRP au Québec alors que d’autres l’ont fait en France et en Espagne.
« On fait ça de façon incognito. Évidemment, on prend toutes les précautions pour que tout ça demeure secret et que les gens ne se doutent pas de ce qu’on teste, mais on va chercher beaucoup de feedback auprès des utilisateurs et nous-mêmes, ça nous permet de vivre les produits dans un contexte réel pour se préparer à la commercialisation », raconte au Journal Denys Lapointe, vice-président principal au design et à l’innovation chez BRP.
SPÉCIALISTES RECHERCHÉS
À Valcourt, BRP recrute actuellement 16 ingénieurs et autres spécialistes en électrification, ce qui doublera sa maind’oeuvre dans le domaine.
« On est un peu en mode start-up », résume Christian Nolin, chef d’équipe pour le développement des véhicules et de la propulsion électriques.
« On contribue à définir l’architecture des projets et des produits futurs, donc c’est un environnement super motivant », ajoute-t-il.
À Las Vegas, l’an dernier, BRP a présenté des concepts électriques de moto à deux roues, de moto à trois roues et de motomarine. Aucune date de lancement n’a encore été communiquée publiquement.
Or, il y a deux mois, le grand rival de BRP, l’américain Polaris, a accentué la pression en annonçant un partenariat avec son compatriote Zero, surnommé le « Tesla des motos ». Polaris prévoit lancer son premier véhicule hors route électrique d’ici la fin de 2021 et des produits électriques dans chacun de ses principaux segments d’ici 2025.
De plus, la première moto électrique de Harley-davidson, la Livewire, est arrivée sur le marché il y a plus d’un an. Et au Québec, la jeune entreprise Taïga Motors propose depuis peu des motoneiges et des motomarines électriques.
PAS À LA TRAÎNE
M. Lapointe ne croit pas que BRP soit à la traîne pour autant. « On a plein de belles choses qui s’en viennent et probablement qu’on va surprendre des gens dans toutes sortes de créneaux, parce qu’il y a aussi de nouvelles architectures de produits sur lesquelles on travaille », affirme-t-il.
Pour l’instant, BRP se concentre sur l’optimisation des technologies électriques pour les produits récréatifs plutôt que sur le développement d’un véhicule en particulier.
L’entreprise a néanmoins déposé, l’an dernier, une demande de brevet pour une moto électrique extensible capable de transporter des marchandises. L’un de ses inventeurs est un designer de BRP qui a notamment travaillé chez Peugeot Motocycles en France.
Pour gagner du temps, BRP a acquis, l’an dernier, les actifs d’alta Motors, un constructeur américain de motos hors route électriques en faillite.
« C’est un peu le mandat qu’on a présentement : définir ça veut dire quoi, l’électrification. Ce n’est clairement pas la même recette que Tesla applique à l’automobile. [...] Quand ça va être bien défini, on va pouvoir aller de l’avant à vraiment électrifier des lignes de produits », explique M. Nolin.
Le défi que doit relever BRP, c’est de donner autant de satisfaction aux amateurs de sensations fortes avec des produits électriques qu’avec des véhicules à combustion.
Que penserait Joseph-armand Bombardier de tout ça ? « Avant-gardiste comme il l’était, je pense qu’il verrait ça d’un bon oeil », avance Denys Lapointe.