Le Journal de Quebec

Vendre nos sapins aux pays du Sud

Québec Balsams occupe 70 % du marché à Panama

- JULIEN MCEVOY

Si tous les producteur­s québécois d’arbres de Noël se tournent vers les États-unis pour écouler le gros de leur production, Gérald Couture, lui, a décidé de vendre ses sapins… dans le Sud.

« C’est une autre business, c’est intéressan­t, mais c’est plus compliqué », lance l’homme de 58 ans au bout du fil.

Dans l’industrie du sapin depuis 35 ans, le propriétai­re de Québec Balsams vend sa production en Thaïlande, à Singapour, mais surtout dans les Caraïbes, au Venezuela et à Panama. À 23 ans, il travaillai­t dans l’import-export à Montréal quand il a hérité de l’entreprise familiale.

« Ça m’a donné une très bonne expérience avec tout le côté logistique, les compagnies maritimes, ça m’a donné de bons contacts aussi », raconte M. Couture, dont l’entreprise est située en Estrie, comme la grande majorité de ses concurrent­s.

Pourquoi le Sud, et non Chicago ou le New Jersey ? « Quand mon père est mort [en 1985], ça faisait partie de mon plan stratégiqu­e. Tout le monde vendait aux États-unis et il y avait trop d’arbres », se souvient-il. L’aventure n’a jamais pris fin, même si aujourd’hui, les arbres sont plus en demande que jamais aux États-unis.

DES TECHNIQUES DIFFÉRENTE­S

Pour arriver à vendre des sapins de Noël à Panama, aux Bermudes et ailleurs, Gérald Couture a dû changer plusieurs de ses façons de travailler.

Les inspecteur­s des Bermudes ne rigolent pas, par exemple, avec la cochenille des aiguilles du pin, un petit insecte dont la présence peut affaiblir les plantes. « S’ils en trouvent, ils peuvent brûler le conteneur au complet », raconte M. Couture.

L’entreprene­ur derrière Québec Balsams secoue donc chacun des arbres qu’il vend à l’aide d’une machine modifiée. Il les dépose ensuite sur une toile « pour ne pas qu’ils touchent au sol » et il brosse leur tronc, un à un.

Pour arriver à vendre à Panama, il y a tout un protocole en place. « Ça prend des pièges installés pendant l’année, il faut faire venir deux inspecteur­s à nos frais, on parle de 70000 à 80000 $ par année pendant de nombreuses années », ajoute-t-il.

« Pour chaque pays où on vend, souvent on ajoute une façon de travailler, on s’améliore », dit celui dont la part de marché à Panama est passée de 5 % en 2012 à 70 % en 2019.

Chaque conteneur qui part de Courcelles, où poussent les arbres de Gérald Couture, contient de 400 à 500 arbres. L’an dernier, il en a vendu 150, un peu moins cette année, COVID-19 oblige.

Son secret ? La fraîcheur. « Nos arbres sont envoyés la journée même où ils sont coupés. C’est assez difficile côté logistique, mais ça fait une grosse différence », dit-il.

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