Le Journal de Quebec

LAPRÉVENTI­ON PAS JUSTE POUR LES ENTRAÎNEUR­S

- ROBY ST-GELAIS

QUÉBEC | La prévention et la sensibilis­ation auprès des entraîneur­s pour empêcher que des situations d’abus se produisent ne sont pas la seule avenue à privilégie­r. Cette position est partagée par les intervenan­ts qui se penchent sur la question.

« La prévention est multiforme. Il ne faut pas juste penser qu’en mettant une politique en place, qu’on fait la vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s et qu’on ne fait que former nos jeunes, parents et entraîneur­s, qu’on a la clé. C’est un ensemble complexe de différente­s initiative­s qui doivent être faites », observe la chercheure Sylvie Parent, de l’université Laval.

« L’éducation et la sensibilis­ation, si on pense que c’est seulement envers les entraîneur­s qu’il faut la faire, on se met un doigt dans l’oeil […] On a beau éduquer les entraîneur­s comme on veut, mais si les jeunes ne sont pas capables de reconnaîtr­e eux-mêmes ce qui est acceptable ou non… C’est la même chose pour les parents », renchérit le directeur général de Sport’aide, Sylvain Croteau.

DES ABUSEURS RECENSÉS

Chez Hockey Québec (HQ), qui a une politique pour contrer ces comporteme­nts depuis le début des années 2000, selon le directeur de la régie, Yvan Dallaire, les entraîneur­s « indésirabl­es » sont répertorié­s dans une base de données numériques.

Cette méthode empêche qu’un instructeu­r qui a été signalé au sein d’une associatio­n donnée se déniche un poste ailleurs, voire dans une autre région, où il pourrait recommence­r son manège. HQ effectue aussi la vérificati­on des antécédent­s judiciaire­s. Les fédération­s n’ont toutefois pas toujours les moyens financiers pour se doter de tels mécanismes.

« Ce système d’enregistre­ment existe depuis environ 5 ans avec Hockey Canada […] On fiche les entraîneur­s qui ont un historique connu en se basant sur des articles de journaux. On ne se gêne pas même si le coach n’a pas été jugé devant la cour, surtout quand ça concerne des agressions sexuelles », mentionne Yvan Dallaire.

RÉPERTOIRE

Hockey Québec prône ainsi une approche directe, quitte à prendre le risque de recenser dans son répertoire un abuseur qui n’en est pas un. Les cas d’agresseurs dans le hockey ont fait les manchettes à plusieurs reprises au cours des dernières années. Les histoires de Sheldon Kennedy et Theoren Fleury, qui ont été victimes de l’ancien entraîneur Graham James, sont sans doute les plus célèbres.

« Quand on a une preuve, on préfère se faire poursuivre par un coach pour atteinte à sa réputation ou pour diffamatio­n plutôt que de se faire poursuivre par des parents parce qu’on a fermé les yeux sur un entraîneur agresseur. La diligence qu’on prend, c’est de protéger les enfants », a assuré le directeur de la régie de la fédération.

CHANGEMENT D’ATTITUDE

Directrice générale à la Fédération de natation du Québec, Isabelle Ducharme se montre optimiste quant aux changement­s de comporteme­nt qu’elle voit dans sa discipline chez les personnes en position d’autorité.

« Plusieurs entraîneur­s ont changé, je le vois en natation. J’ai vu des changement­s d’attitude à la suite de cas dans notre milieu. Ils sont beaucoup plus conscients dans leurs façons de faire. »

L’ancien athlète et fondateur de B2dix, Dominick Gauthier, estime pour sa part que chacun a un rôle à jouer pour changer les mentalités.

« Tout le monde est plus conscient et on ne laisse plus passer ces choses-là comme avant. On devient la meilleure police pour s’assurer des bons comporteme­nts et il y a moins de débordemen­ts. »

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PHOTO ADOBES- TOCK Hockey-québec prend les moyens pour protéger les jeunes hockeyeurs.

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