Les événements responsables des supercontaminations
PARIS | (AFP) Lieux de culte, fêtes de famille ou congrès professionnels : quelques événements aboutissent à eux seuls à de très nombreux cas de COVID-19, les fameuses « supercontaminations ».
De plus en plus d’experts pensent que la progression de cette nouvelle maladie est largement alimentée par de brusques flambées parties de quelques personnes infectées seulement.
Quand cela arrive, le virus se transmet « à 10, 20, 50 personnes, voire plus », alors que dans la majorité des cas, la chaîne de contamination a au contraire tendance à s’interrompre rapidement, explique Benjamin Althouse, chercheur à l’institut de modélisation des maladies à l’université de Washington.
Il se pourrait même que 90 % des cas de COVID-19 viennent de seulement 10 % des personnes infectées, estime-t-il.ces derniers mois, plusieurs exemples d’événements de supercontamination ont marqué les esprits.
LA PATIENTE 31
En février, c’est une Sud-coréenne de 61 ans, identifiée comme la « Patiente 31 », qui a défrayé la chronique : c’est d’elle qu’est partie la vague de contaminations au sein de l’église Shincheonji de Jésus. L’église Shincheonji de Jésus, mouvement religieux considéré par certains comme une secte, a finalement été le principal vecteur de la propagation du coronavirus en Corée du Sud, avec plus de 5000 cas qui lui étaient liés.
De même, un congrès annuel organisé fin février par l’entreprise pharmaceutique américaine Biogen est suspecté d’avoir abouti à quelque 20 000 cas à Boston. Au-delà de ces quelques exemples frappants, les auteurs d’une étude publiée en septembre dans le journal Science ont conclu que « la supercontamination prédomine » dans la transmission du coronavirus SARS-COV-2.
Ces chercheurs américains ont analysé les données des quatre premiers mois de l’épidémie dans les États indiens du Tamil Nadu et de l’andhra Pradesh. Verdict : 8 % des personnes infectées étaient à l’origine de 60 % des nouveaux cas, tandis que 71 % des gens contaminés n’avaient passé le virus à aucun de leurs contacts.
LIÉ AUX CIRCONSTANCES
On ne sait pas encore avec certitude quel est le rôle des facteurs biologiques, avec par exemple l’hypothèse d’une charge virale plus élevée pour les super-contaminateurs.
Ce dont on est en revanche certain, c’est que la transmission de la COVID est étroitement liée aux circonstances : les lieux clos, mal ventilés, densément peuplés et où l’on parle, crie ou chante sont particulièrement propices aux contaminations.
Une étude parue récemment dans la revue Nature a ainsi montré que les restaurants, les salles de sport et les bars étaient les lieux où l’on se contamine le plus aux États-unis.en se basant sur les données des téléphones portables de 98 millions de personnes, les chercheurs ont déterminé que plus de 80 % des cas positifs étaient liés à 10 % des lieux seulement.