Labeaume craint que l’on « perde le contrôle de notre langue »
Le maire de Québec, Régis Labeaume, s’inquiète ouvertement de la situation du français dans la métropole, à l’autre bout de la 20. Le déclin observé récemment est « dangereux » selon lui.
Interpellé sur la série de reportages, dans nos pages, illustrant à nouveau la difficulté d’être servi en français dans plusieurs commerces montréalais, le maire de la capitale ne passe pas par quatre chemins pour exprimer ses craintes.
« Je trouve que votre enquête sur la visite des commerces, c’est très symptomatique de ce qui se passe. On va perdre le contrôle de notre langue. C’est dangereux. Et ces lendemains-là, ce n’est jamais heureux », a-t-il déclaré, hier, en marge d’un point de presse sur le projet de tramway.
« Et ça fait la preuve de nouveau qu’il y a un fossé qui s’élargit d’année en année entre Montréal et le reste du Québec. Ça me semble tellement évident. Il va falloir qu’il se passe quelque chose », a-t-il renchéri.
UN COMBAT DE LONGUE DATE
Ce n’est pas la première fois que le maire de Québec s’exprime publiquement sur cet enjeu, se sentant visiblement concerné par le déclin du français à Montréal, même si la Ville de Québec est à des années-lumière d’être confrontée aux mêmes défis pour la protection de la langue.
En 2018, le maire de Québec s’était ajouté à la liste des politiciens qui disaient vouloir bannir la formule « Bonjour, hi », dans les commerces, pour accueillir les clients. Il y voyait le symptôme d’une certaine « fatigue collective » et d’un « relâchement » dans la province.
« L’accueil des clients dans les commerces doit d’abord se faire en français et non avec le fameux “Bonjour, hi” qui met systématiquement les deux langues sur un pied d’égalité », avait-il déclaré, jugeant nécessaire d’envoyer un « signal fort aux nouveaux arrivants ».
UN MESSAGE AUX JEUNES
Lors du premier Forum mondial sur la langue française, qui avait eu lieu dans la Vieille Capitale en 2012, Régis Labeaume avait lancé un message aux quelque 1000 participants venus de 93 pays, en s’adressant particulièrement aux jeunes qui ont une « responsabilité énorme sur les épaules ».
« C’est entre vos mains que nous remettrons bientôt l’avenir du français », avaitil affirmé, déplorant une fois de plus – comme il l’a fait souvent – le recours abusif aux anglicismes en France. « Pour une question de survie, (au Québec) nous avons privilégié le magasinage au shopping, le stationnement au parking, le courriel au e-mail et j’en passe », avait-il énuméré.