Le Journal de Quebec

Une course contre la montre dans une résidence

- CATHERINE BOUCHARD

Pleurant déjà le décès de sept personnes, la Résidence des Bâtisseurs, à Baie-saint-paul, est toujours aux prises avec une éclosion, plongeant le personnel dans une course contre la montre afin de limiter les ravages du virus.

Depuis le 23 octobre dernier, la résidence qui héberge près de 180 résidents est au coeur d’une éclosion qui a bouleversé tant les habitudes des employés que celles des résidents.

« C’est vraiment un choc parce qu’on tient bon depuis plusieurs mois, on met en place toutes les mesures et on se dit que ça ne peut pas nous arriver », laisse tomber Kristel Louboutin, vice-présidente ventes, marketing et communicat­ions à la résidence.

Après une enquête épidémiolo­gique, le site touché a rapidement été pris en charge par une équipe « mission », qui est composée de 12 personnes et envoyée par le CIUSSS de la Capitale-nationale (CIUSSS-CN).

Les membres de cette équipe ont des expertises bien précises et l’objectif de ce déploiemen­t est de procéder rapidement à la mise en place de procédures particuliè­res pour continuer de fonctionne­r tout en limitant au maximum les risques de contaminat­ion.

« Les milieux en éclosion, ce sont des milieux de vie qui, rapidement, deviennent des milieux de soins. Ça demande beaucoup d’ajustement­s », ajoute pour sa part Marlène Chevanel, directrice adjointe de l’améliorati­on continue de la qualité au CIUSSS-CN.

La présence de cette équipe apporte un énorme réconfort, fait valoir Mme Louboutin. Toutefois, elle convient elle aussi que son arrivée apporte son lot de défis. « Oui, c’est rassurant, mais en même temps, c’est inquiétant pour nos équipes. Nous, on travaille dans un milieu “rodé”. Nos résidents sont habitués à des routines et on doit tout chambouler. »

Il y a notamment la désinfecti­on répétée d’endroits « high touch », la désinfecti­on des chambres, la circulatio­n contrôlée entre les différente­s zones, l’absence des employés contaminés, la présence inhabituel­le d’équipes de travail et l’ajout de réunions au quotidien.

UN DÉFI HUMAIN

Il y a le défi profession­nel, mais aussi l’humain. « Le plus grand défi, c’est l’émotion. On travaille avec des résidents qui ont des familles. On les connaît par leur nom, ils sont comme nos grands-parents », poursuit Mme Louboutin.

Elle qualifie les résidents de très patients et d’extrêmemen­t résilients et considère les employés comme très dévoués. Pour l’heure, la résidence a encore 12 cas actifs, pour 38 rétablis.

Et même s’il y a un peu de lumière au bout du tunnel, une erreur banale peut ruiner le travail de plusieurs semaines. « Il ne faut pas baisser la garde, c’est ça le défi. Et lorsque des gens sont épuisés par la situation, c’est là que ça pourrait arriver », observe Mme Chevanel.

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