Des jeunes qui ont vécu le racisme se mobilisent
Ils créent une pub pour sensibiliser la population
Une Syrienne de 19 ans qui a fui la guerre dans son pays avant de s’installer au Canada ne cache pas avoir été victime de racisme depuis son arrivée à Québec. Avec quatre autres jeunes, elle sera à compter d’aujourd’hui la vedette de l’offensive d’un organisme de Québec pour combattre les préjugés envers les communautés culturelles.
Nareen Mahmoud a quitté son pays d’origine il y a trois ans. Dans son français impeccable, elle a raconté au Journal qu’elle souhaite désormais faire réfléchir la population québécoise à l’importance du vivre ensemble.
« J’aimerais dire que nous ne sommes pas là pour vous déranger, mais plutôt pour être avec vous. J’aimerais qu’un jour, on puisse être respectés, peu importe nos origines partout à travers le monde », a mentionné l’étudiante du cégep Garneau, hier.
C’est l’organisme Motivaction jeunesse, dirigé par Luc Richer depuis 20 ans, qui a lancé l’initiative. M. Richer estime que la population québécoise fait preuve de plus d’ouverture face aux autres communautés culturelles depuis quelques années. Mais il croit aussi qu’il reste du chemin à faire.
« J’étais témoin de plus d’événements de ce genre il y a 10 ans. Il reste cependant toujours des préjugés et un peu de discrimination et de l’ignorance », a déclaré le
directeur de l’organisme.
UNE PUB FAITE PAR LES JEUNES
Afin d’aider à vaincre le racisme, M. Richer a donc choisi de donner la parole à des jeunes issus de communautés culturelles qu’il qualifie de « leaders » au sein de son organisation.
Outre la Syrienne Nareen Mahmoud, les jeunes sont Autochtones, Rwandais, Guinéens et Tunisiens. Le projet « Montrenous tes couleurs ! » est lancé aujourd’hui.
DE A À Z
Conception, écriture, tournage : la publicité a été créée de A à Z par les cinq jeunes et sera diffusée à la télévision et sur le web. On pourra les voir livrer leur message contre le racisme.
Motivaction jeunesse organisera aussi des ateliers afin de créer des discussions sur le sujet dans les écoles secondaires de Québec. « On veut sensibiliser. On n’est pas le Bon Dieu, mais on voulait que les jeunes lancent leur message. C’est les jeunes des communautés qu’on verra à la télé et qui iront dans les écoles. On ne changera pas le monde, mais on fera réfléchir les gens », a indiqué Luc Richer.
M. Richer croit que le moment est parfaitement choisi pour lancer cette offensive.
« Ça a débuté avec les histoires de George Floyd et de Joyce Echaquan. Le racisme, on en entend beaucoup parler depuis plusieurs années, mais cette année, c’est un sujet chaud. Comme nous travaillons avec les jeunes de la diversité, nous avons jugé bon de faire notre part ».
« J’AIMERAIS QU’UN JOUR, ON PUISSE ÊTRE RESPECTÉS »
– Nareen Mahmoud