Le Journal de Quebec

Des experts en désaccord avec l’opposition

Il n’est pas nécessaire de diffuser les délibérati­ons entre la Santé publique et le Gouverneme­nt, disent-ils

- MARC-ANDRÉ GAGNON

Contrairem­ent à ce que réclament les partis d’opposition, des experts en gouvernanc­e consultés par Le Journal ne jugent pas nécessaire de diffuser les délibérati­ons entre la Santé publique et le Gouverneme­nt sur leur gestion de crise.

Malgré l’ouverture démontrée récemment par le directeur national de Santé publique, Horacio Arruda, le premier ministre François Legault refuse obstinémen­t de rendre publics les avis qui lui sont transmis et sur lesquels reposent les décisions prises par son gouverneme­nt en temps de pandémie.

Marie-soleil Tremblay, chercheuse au Centre de recherche sur la gouvernanc­e de l’école nationale d’administra­tion publique, tend à donner raison au premier ministre.

Surtout parce que le gouverneme­nt ne s’est jamais engagé à produire des rapports écrits sur ses décisions en lien avec la pandémie.

UN ENJEU DE COMMUNICAT­ION

« Dans ce cas-ci, je ne pense pas que le gouverneme­nt ait nécessaire­ment à produire l’ensemble des rapports auxquels il se fie pour prendre des décisions. Pour moi, ça devient un défi qui est plus un enjeu de communicat­ion qu’un enjeu de gouvernanc­e. »

Et à voir « l’incohérenc­e » ou « l’incompréhe­nsion » qui subsiste parfois après l’annonce des décisions sur la gestion de la pandémie, Mme Tremblay ne croit pas que de produire et diffuser des procès-verbaux ferait oeuvre utile. D’autant plus que les intrants à la prise de décision, ceux de santé publique, mais aussi économique­s, sont nombreux.

« Je pense que le Gouverneme­nt est mieux de s’assurer de bien communique­r sur quoi il s’appuie », a insisté Mme Tremblay.

UNE CRÉDIBILIT­É À RÉTABLIR

« Moi je pense qu’il faut effectivem­ent plus de rigueur et plus d’écrits », considère pour sa part l’expert en gouvernanc­e Michel Nadeau.

Mais à ce moment-ci de la deuxième vague, il ne croit pas que ce soit nécessaire de les publier. D’abord parce que ces écrits sont probableme­nt peu nombreux, et que de les publier n’aiderait en rien à rétablir la crédibilit­é de la Santé publique, a laissé comprendre M. Nadeau.

« Les gens de Santé publique font ce qu’ils peuvent, mais je sens, moi, qu’ils n’ont pas fait de longues recherches », craint M. Nadeau, qui a récemment publié, avec son frère et photojourn­aliste, Jacques Nadeau, « COVID-19 : 100 jours de confinemen­t », où il critique sévèrement la gestion de la pandémie au Québec.

« Si je suis le gouverneme­nt, M. Legault, et que je regarde le score de mon organisme de santé publique, est-ce que je tiens à ce qu’il mette par écrit toutes ses recommanda­tions ? On risque de voir que ce n’est pas bien fort. Des coups de circuit, il n’y en a pas eu beaucoup », a dit M. Nadeau, en citant à titre d’exemple l’adoption, trop en retard, du port du masque obligatoir­e.

« C’est en janvier et en février qu’il fallait prendre des décisions. On s’est réveillés au mois d’avril, nous autres », déplore l’ex-directeur de l’institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons publiques et privées.

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FRANÇOIS LEGAULT Premier ministre du Québec

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