Le Journal de Quebec

Comment me protéger de ma mère sans l’abandonner ?

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Je suis le proche aidant de ma mère depuis trois ans. D’entrée de jeu, je précise qu’il s’agit d’une femme au caractère difficile qui ne s’est jamais entendue avec ses deux filles et qui a toujours trouvé en moi une oreille plus accueillan­te. Mes soeurs ne veulent rien savoir d’elle depuis plusieurs années tant elle leur a fait la vie dure.

Pour ma part, je n’avais avec elle que des relations à distance vu que je suis gai et qu’elle ne l’avait jamais accepté. Je n’ai donc renoué avec elle qu’à partir du moment où mon conjoint est décédé après une grave maladie. En couple elle ne voulait pas me voir, mais seul, elle trouvait un certain intérêt à me côtoyer vu que je peux lui rendre de nombreux services.

Aider ma mère correspond­ait pour moi à lui rendre un peu de la force qu’elle m’avait transmise et qui m’avait permis de me sortir de la classe sociale dans laquelle j’étais né. J’ai toujours bien gagné ma vie et c’est un peu grâce à elle. Elle m’avait toujours poussé dans le dos parce qu’elle sentait en moi des qualités intéressan­tes. Ce qu’elle n’avait jamais senti chez mes soeurs, m’at-elle avoué, un jour qu’elle avait bu plus qu’à l’accoutumée.

J’en arrive au coeur de mon problème. Ayant servi d’aidant naturel à mon conjoint pendant sa maladie, me retrouvant devant un gros vide après son décès et comme j’avais déjà pris ma retraite, je me suis tourné vers ma mère, qui commençait à décliner et qui n’avait personne sur qui se reposer.

Petit à petit je me suis incrusté dans sa vie jusqu’au point où, après trois ans, elle a senti que je lui devenais indispensa­ble. En même temps, je me rendais compte que la femme dont je m’étais éloigné au fil des ans avait changé par rapport à celle que j’avais connue dans ma jeunesse.

Au bout d’un an de va-et-vient entre ma demeure et la sienne, elle m’a demandé de m’installer chez elle. J’hésitais à plonger, car ma soeur aînée m’avait mise en garde sur sa façon insidieuse de prendre le pouvoir sur quiconque l’approchait de trop près. Mais devant son insistance et ma solitude personnell­e, j’ai accepté.

Ma décision a marqué le début de la fin de mon indépendan­ce. Je suis devenu sa chose et elle me mène par le bout du nez. En plus de consommer une quantité d’alcool de plus en plus grande au fil des mois et de hurler après moi certains soirs quand je la couche, comme si j’étais un domestique de bas étage, je me sens comme quelqu’un à qui on a retiré son sang tellement je suis épuisé. Je ne sais plus vers qui me tourner pour m’aider.

Au secours !

Une première suggestion serait de demander de l’aide, soit de son médecin de famille, soit du CIUSSS de votre région, pour établir un bilan de son état de santé. Elle souffre peutêtre de troubles psychiatri­ques, décuplés par sa consommati­on d’alcool. Ce serait important de l’encadrer pour conjuguer les efforts en vue de vous faciliter la tâche.

Sachez aussi que la position de proche aidant ne signifie pas qu’on doive accepter de se faire humilier par la personne à qui on se consacre pour la soutenir. Vous vous êtes laissé mener par le bout du nez pendant un temps, mais ce n’est pas une raison pour continuer à le tolérer.

En ce qui vous concerne, je vous recommande de prendre rendez-vous avec la.le TS disponible dans le même CIUSSS, pour faire évaluer si vous êtes en mesure de continuer d’accompagne­r votre mère. Ça ne vaut pas la peine de se faire mourir à la tâche quand la personne qu’on veut aider cultive un instinct destructeu­r, puisqu’il semble que ce soit le cas de votre mère. Comme dit le proverbe : « Sauve-toi toi-même avant de songer à sauver l’autre! »

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