Le Journal de Quebec

Le ministre veut embaucher massivemen­t des infirmière­s

Réduction de la dépendance au privé en santé

- MARC-ANDRÉ GAGNON

Pour mettre fin à la mobilité du personnel en santé, le ministre Christian Dubé mise sur une opération d’embauche d’infirmière­s à temps plein en 2021. Pour l’instant, malgré le recrutemen­t massif de préposés, le Québec est toujours aussi dépendant des agences de placement.

Dans le réseau de la santé, le recours aux agences est depuis longtemps synonyme de mobilité de personnel, une façon de faire que M. Dubé souhaite enrayer.

Un premier portrait de la situation brossé par son cabinet à l’aide d’un nouvel outil de veille informatio­nnelle révèle toutefois que le nombre d’heures de travail confiées à des agences au cours des six derniers mois s’approche déjà du total enregistré l’année précédente.

En octobre, le réseau avait déjà eu recours à 3727 équivalent­s temps complet provenant d’agences privées.

À ce rythme, des données projetées pour 2021 tendent vers une hausse encore plus importante du recours au personnel d’agence. (VOIR ENCADRÉ)

Cette pratique, le ministre de la Santé aimerait bien y mettre fin, mais « ça ne se fera pas du jour au lendemain », a-t-il réalisé. « Je n’ai pas le personnel », a résumé M. Dubé, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire.

UN ENJEU AVEC LES INFIRMIÈRE­S

Pour y arriver, après l’embauche massive de 10 000 préposés à temps plein en CHSLD, tout porte à croire que le gouverneme­nt Legault devra procéder en 2021 à une opération d’envergure similaire avec les infirmière­s, dont la moitié sont à temps partiel.

« Mettez ça (l’embauche massive de préposés) en proportion avec les infirmière­s, puis je n’ai plus besoin d’agence », a exposé M. Dubé.

Il s’agit d’un élément important de la négociatio­n en cours avec la partie syndicale, sur laquelle le ministre n’a pas voulu trop s’étendre.

La Fédération interprofe­ssionnelle de la santé du Québec (FIQ) a publiqueme­nt fait état d’avancées, il y a quelques semaines, sur la création de postes à temps plein et des ratios patients-infirmière­s.

Une fois cet enjeu réglé avec les infirmière­s, M. Dubé s’attend à ce qu’une grande partie des problèmes de mobilité soient enfin réglés, comme il a réussi à le faire avec les préposés. Pour M. Dubé, c’est une question de « dignité pour les aînés ».

« Rappelez-vous comment on a insisté pour que les préposés aux bénéficiai­res soient à temps plein. C’est parce qu’on veut que ce soit toujours la même personne qui s’occupe du bénéficiai­re. C’est pour ça. C’est une philosophi­e », a expliqué le ministre de la Santé.

Dans l’attente, le recours aux agences demeure « un mal nécessaire », considère M. Dubé.

Un arrêté ministérie­l a récemment été adopté afin de préciser les obligation­s du personnel d’agence, afin d’assurer le respect strict des règles de prévention de contrôle des infections.

Et un autre est toujours en cours de préparatio­n afin d’interdire pour de bon la mobilité de la main-d’oeuvre, comme il s’y était engagé dans son plan d’action pour la deuxième vague présenté à la mi-août.

« On le sait que ç’a été un de nos pires ennemis pendant la première vague », reconnaît encore aujourd’hui M. Dubé.

Le ministre déplore « la culture de gestion basée sur la mobilité » qu’il a découverte à son arrivée en poste au début de l’été.

« Avec la COVID, ce mode de gestion n’est plus acceptable. […] Je ne peux plus accepter l’excuse qu’on le faisait avant. La COVID a changé les règles. »

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PHOTO CHANTAL POIRIER Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a embauché un expert en compilatio­n et analyse des données afin d’obtenir toute l’informatio­n opérationn­elle nécessaire pour mieux gérer le réseau de santé.

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