Cégépiens en détresse
Une vaste enquête fait la lumière sur les impacts de la COVID-19 chez les étudiants
La détresse psychologique a bondi dans les rangs des cégépiens depuis le début de la crise sanitaire alors que l’accès à des services d’aide s’est détérioré, révèle une vaste enquête réalisée auprès de milliers d’étudiants québécois.
Au cours des dernières semaines, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) a effectué une consultation d’envergure, à laquelle ont participé 6215 étudiants, afin de faire la lumière sur les impacts de la COVID-19 sur les cégépiens.
« L’enquête nous a permis de mettre des chiffres sur ce que les jeunes vivent au quotidien et ç’a confirmé nos craintes », affirme sa présidente, Noémie Veilleux.
Selon des résultats préliminaires obtenus par Le Journal, 64 % des répondants considèrent que leur santé psychologique s’est détériorée depuis le début de la crise.
L’isolement, l’augmentation de la charge de travail et les enjeux entourant la formation à distance sont montrés du doigt.
La proportion de jeunes qui ont déclaré avoir des pensées suicidaires ou des idées noires « souvent » ou « très souvent » est passée de 3,7 % avant la crise à 6,2 %.
La proportion d’étudiants qui ont besoin de services d’aide psychologique est passée de 24 % à près de 40 %. Ils sont toutefois moins nombreux à y avoir accès : parmi ceux qui ont eu besoin d’aide, 48 % avaient accès à des services avant la crise, une proportion qui a chuté à 26,5 %. Les coûts élevés, les services offerts à distance et les longs délais d’attente en ont découragé plusieurs.
PRÉCARITÉ FINANCIÈRE
Les cégépiens sont par ailleurs deux fois plus nombreux à avoir de la difficulté à joindre les deux bouts. La proportion d’étudiants qui affirment ne pas avoir assez d’argent pour subvenir à leurs besoins est passée de 10 % à 19 % depuis le début de la crise sanitaire. « Ça nous semble très alarmant », affirme la présidente de la FECQ.
Les cours à distance donnent aussi du fil à retordre à plusieurs. Depuis le début de la pandémie, près d’un étudiant sur dix affirme ne pas avoir accès à un ordinateur personnel ou à un réseau internet assez performant pour suivre leur formation à distance, et plus du quart des étudiants n’ont pas d’endroit propice à la concentration pour suivre leurs cours.
ÉTUDIANTS DÉMOTIVÉS
Plus de 66 % des cégépiens indiquent par ailleurs que la formation à distance a affecté leur motivation à poursuivre leurs études. C’est le cas pour Marie-ève Buteau, étudiante en sciences humaines au Campus Notre-dame-de-foy, près de Québec, qui doit suivre tous ses cours à l’écran.
« J’étais hyper motivée à entrer au cégep, mais avec les cours en ligne, on n’a plus de contacts humains et tout ça a dégringolé », lance l’étudiante de 18 ans qui a souvent pensé abandonner ses études.
Son moral en a pris un coup, la fatigue et le manque d’appétit se sont aussi mis de la partie. Inquiète pour sa santé mentale, MarieÈve a entrepris un suivi psychologique et ne souhaite qu’une chose : retourner en classe le plus rapidement possible.