Lévis veut devenir la capitale des insectes
Un projet qui pourrait à première vue relever de la science-fiction est actuellement à l’étude pour doter Lévis d’une usine de transformation d’insectes pour la consommation animale… et humaine !
Cette usine-laboratoire de 40 000 pieds carrés nécessiterait un investissement de 7,7 M$, selon un document de la Ville de Lévis. Elle se trouverait au centre du Pôle Éco-protéines Chaudière-appalaches, qui veut intégrer des fermes d’élevage d’insectes au coeur de l’innoparc Lévis.
« Le Pôle est une initiative de la Ville de Lévis. Ce projet vise ultimement à développer un nouveau créneau industriel à Lévis dans le domaine bioalimentaire en tablant sur l’élevage d’insectes à haute teneur en protéines », explique Nicole Rodrigue, de la direction des communications de la municipalité.
Lévis a mandaté le Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ) pour l’élaboration d’un plan d’affaires. Le budget de 100 000 $ est financé à 80 % par une subvention de Chaudière-appalaches Économique et à 20 % par la Ville.
RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE
« C’est sûr que c’est réaliste et faisable », insiste Charles Lavigne, directeur général du CDBQ. L’usine-laboratoire se fournirait auprès de producteurs d’insectes pour produire une poudre protéinée, de l’huile et d’autres dérivés.
Les fermes d’élevage n’ont pas les équipements pour faire de gros volumes. Le projet est de regrouper de petits producteurs pour leur donner accès à des équipements de taille industrielle pour trouver des voies de valorisation plus intéressante pour leurs produits », plaide M. Lavigne.
La chitine, un composé de la carapace, offre aussi d’autres débouchés. « Elle a beaucoup d’applications en traitement des eaux usées comme en pharmaceutique pour la cicatrisation des plaies », estime M. Lavigne.
Avec ce projet, il aspire aussi à donner plus de valeur aux produits utilisés par les fermes pour nourrir les insectes ; les résidus agroalimentaires.
LES FAIRE ACCEPTER
Si les insectes sont largement consommés ailleurs dans le monde, ils ne sont pas encore entrés dans les habitudes nord-américaines. « Je pense que les gens sont prêts à manger de l’insecte. On a broyé des insectes récemment, j’étais à côté de la machine et ça sentait la noisette, j’en avais l’eau à la bouche ! »
Mais pour fonctionner, le projet de Lévis et du CDBQ a besoin d’un soutien entrepreneurial et financier des gouvernements provincial et fédéral.
« Il faut seulement une volonté politique et des entrepreneurs pour se mettre ensemble afin que l’innovation, la recherche et le développement accompagnent cette nouvelle filière », conclut Charles Lavigne.