Le Journal de Quebec

LOUISE DESCHÂTELE­T T

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia. .co

Quand le coeur fait trop mal !

Je n’avais pas besoin de la pandémie pour me sentir coupé du monde. Je l’étais avant qu’elle ne vienne bouleverse­r la vie de la planète, en supportant depuis plusieurs mois une séparation difficile, doublée par l’impossibil­ité de voir mes enfants pour cause de distance.

Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Bien malin qui pourrait le dire, puisque celle qui m’a quitté avec nos deux enfants n’a rien à me reprocher. Si ce n’est, selon elle, de ne pas lui offrir la vie qu’elle mériterait. Était-ce à moi de lui procurer cette vie-là ? Il faut croire que oui, puisqu’elle a trouvé quelqu’un qui le fait bien.

J’avais déjà perdu ma femme et mes enfants quand la COVID est arrivée. Et cerise sur le gâteau, j’ai perdu ma job ensuite. Je n’ai jamais été quelqu’un de très hop la vie. Mais là, je me suis retrouvé au fond du baril. Et quand t’es au fond du baril, c’est là que tu te rends compte qu’il n’y a pas grand monde autour de toi qui peut t’aider à t’en sortir. Veux-tu ben me dire ce que ça me donne de continuer ?

Un gars trop ordinaire

Je tiens d’abord à vous donner un numéro de téléphone à garder sur vous en tout temps et à utiliser à chaque fois que vous allez broyer du noir comme présenteme­nt : 1-866-277-3553 où quelqu’un vous répondra 7 j/7 et 24 h/24. Une oreille attentive et empathique sera là pour vous écouter et pour vous diriger vers une ressource d’aide.

Vous devriez sans délai consulter votre médecin de famille qui pourra vous orienter vers une aide psychologi­que, et à défaut, rendez-vous à votre CLSC pour une consultati­on avec une ressource disponible.

Je sais que lorsqu’on se retrouve dans votre état, on se pense seul au monde, mais ce n’est pas la réalité. Vos enfants comptent sur vous pour les mener vers l’âge adulte, et cette seule pensée devrait vous donner la mesure de l’importance que votre présence et votre amour représente­nt pour eux.

La vie est faite de hauts et de bas, de belles choses et d’épreuves. Mais sur la durée, on peut affirmer que les bons moments dépassent les mauvais, pour peu que la lorgnette par laquelle on regarde sa vie soit orientée vers le positif et non l’inverse.

Croire ou ne pas croire

J’ai passé ma vie jusqu’à aujourd’hui à croire que Dieu existait puisqu’on me l’avait rentré dans la tête à coup de petit catéchisme pendant toute mon enfance. J’ai observé les commandeme­nts et fait mon possible pour ne nuire à personne. Ma vie de femme mariée fut plus ou moins satisfaisa­nte, mais je l’ai endurée jusqu’au bout, en tout cas jusqu’à ce que le père de mon garçon nous quitte pour un monde meilleur.

Je me pensais alors engagée sur une route plane où rien ne viendrait plus ébranler l’eau calme dans laquelle je baignais, accompagné­e par mon fils qui me servait de bâton de vieillesse. Mais Dieu a décidé de venir le chercher avant moi. Je me retrouve donc à 93 ans, seule dans mon petit logement, à me demander pourquoi mon Dieu m’a tout enlevé. Je suis toute mêlée dans tout ça et je me demande pourquoi je continue à croire.

Une vieille personne bien mêlée

Comme je suis agnostique, je suis embêtée pour vous répondre, si ce n’est en vous servant ce que j’ai souvent entendu à ce propos :

« Il est grand, le mystère de la foi ». D’ailleurs un lecteur me relayait récemment un constat fait dans l’exercice de sa profession : « Quoi dire à une personne qui affirme ne pas croire mais qui du même souffle ajoute qu’elle prie régulièrem­ent ? Ou à une autre qui avoue demander pardon tous les soirs pour les mauvais gestes posés dans la journée ? »

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