CONFESSIONS D’UN BOXEUR TROUBLÉ
Yves Ulysse Jr lève le voile sur ses problèmes personnels
RIMOUSKI | Yves Ulysse Jr a livré une performance inspirée contre Mathieu Germain samedi soir à Rimouski. Elle est d’autant plus impressionnante que le boxeur de 32 ans combat des démons à l’extérieur du ring depuis un an.
Dans une entrevue exclusive réalisée avec Le Journal de Montréal dans la nuit après son combat, Ulysse s’est ouvert sur ses comportements étranges avec ses entraîneurs, son promoteur et les membres des médias au cours des derniers mois.
C’est une personne toujours en quête de réponses claires qu’on a rencontrée. Tout a commencé avant son duel contre Ismael Barroso, qui avait lieu en Californie en décembre 2019.
« À trois semaines du combat, j’ai demandé une semaine de repos à mon entraîneur Rénald Boisvert, confie Yves Ulysse Jr d’entrée de jeu. Je ne me sentais pas bien et je me demandais pourquoi.
« Je croyais que j’étais victime du surentraînement en raison de la longueur de mon camp (en raison des nombreux reports de son affrontement).
Il a fait cette demande en regardant son entraîneur droit dans les yeux. Au départ, Boisvert a accepté la demande de son boxeur, mais il se posait plusieurs questions sur le type de performance qu’il livrerait dans le ring par la suite.
ATTAQUE DE PANIQUE
Durant la semaine du choc contre Barroso, l’entraîneur a revu le Junior Ulysse des beaux jours. Ils ont notamment passé quelques heures à la plage. Souriant et enthousiaste, le boxeur respirait la confiance. Une victoire et il s’en allait directement dans un combat de championnat du monde quelques mois plus tard.
Moins d’une heure avant de monter sur le ring, Ulysse est victime d’une attaque de panique. Il a besoin de plusieurs minutes pour reprendre ses esprits.
« Je ne savais pas ce que j’avais eu, précise-t-il. Je suis arrivé dans le combat et je n’étais pas moi-même. J’étais comme paralysé. »
Sa performance contre Barroso était terne. Il a encaissé une défaite contre un adversaire qui était à sa portée. Personne n’était en mesure d’expliquer le comportement d’ulysse lors de cette soirée cruciale. Ça, c’était avant la semaine dernière.
À 165 KM/H SUR LA 13
À son retour à Montréal, Ulysse ne se sent pas mieux. Il cherche des réponses pour expliquer sa défaite. À ce momentlà, une guerre froide s’installe avec son entraîneur et son promoteur Camille Estephan qui n’avaient pas hésité à critiquer son attitude, son style et son éthique de travail.
Un événement vient alors chambarder sa vie.
« J’avais des idées noires. Un soir, j’étais à la recherche d’un spa ouvert sur la Rive-nord. Je roulais sur l’autoroute 13 sud. J’ai accéléré jusqu’à 165 km/h et je me foutais carrément ce qui pouvait arriver.
« Je me suis fait prendre par un radar. Le flash m’a ramené à la réalité. »
Ulysse touche le fond du baril. Il consulte un médecin d’urgence et reçoit de la médication pour avoir une plus grande emprise sur ses attaques de panique et son état général.
Il reprend l’entraînement pour son combat contre Mathieu Germain avec Rénald Boisvert.
RENDEZ-VOUS CAPITAL
Ce qui nous amène la semaine du combat Ulysse-germain. Le Montréalais refuse toutes les demandes d’entrevues ou presque. Puis, il rate la fameuse conférence de presse de lundi dernier.
« J’avais un rendez-vous important avec une neuropsychologue pour m’aider à trouver un diagnostic précis sur ce qui me gruge de l’intérieur depuis plusieurs mois, explique Ulysse. Je ne pouvais simplement pas le rater. Il était prévu depuis trois semaines.
« Ma santé était plus importante que cet événement. »
Il a contacté Camille Estephan pour l’informer de la situation sans le mettre au courant de tous les détails.
Après avoir essuyé une autre salve de critiques sur la place publique, Ulysse décide de parler de son état de santé à ses entraîneurs. C’est la surprise la plus totale.
Une rencontre d’équipe a lieu sur-lechamp. Ulysse a convaincu ses entraîneurs qu’il pouvait tout de même monter sur le ring et gagner son duel contre Germain.
COMBAT EN PÉRIL
Après sa consultation, l’équipe médicale d’ulysse Jr a recommandé à l’athlète dans une lettre, dont Le Journal a obtenu copie, de ne pas monter sur le ring contre Germain.
De plus, à une semaine du combat, il a arrêté sa médication pour se conformer au protocole antidopage de la Régie. Il n’avait pas réussi à obtenir de dérogation du Centre canadien pour l’éthique dans le sport (CCES). Malgré cela, Ulysse Jr a décidé de relever le défi et il l’a fait avec brio. De la résilience à l’état pur.
Son promoteur Camille Estephan et son bras droit Antonin Décarie n’étaient pas au courant de cette missive et des démarches de leur protégé. Ils ont appris la gravité de la situation seulement après la victoire d’ulysse.
Estephan est devenu émotif en apprenant les détails selon nos sources. On peut penser qu’il aurait annulé le combat s’il avait été mis au courant de la condition d’ulysse Jr plus tôt.
Maintenant, Yves Ulysse Jr doit aller chercher l’aide nécessaire pour se remettre sur pieds et retrouver son sourire légendaire. Pas seulement pour sa carrière, mais aussi pour son avenir.