Le Journal de Quebec

Comment Trump pourrait donner le Sénat à Biden

Le contrôle du Sénat se jouera le 5 janvier, au second tour pour les deux sièges de la Géorgie. Les frasques du président déchu feront-elles la différence ?

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Alors que Donald Trump s’embourbe dans sa poursuite illusoire d’un renverseme­nt du verdict de l’électorat, la Géorgie est encore en pleine campagne électorale.

La lutte est serrée, mais tout pourrait dépendre du comporteme­nt imprévisib­le d’un président qui se soucie de l’intérêt de son parti comme de sa première chemise.

LE SÉNAT EN JEU

Si les deux démocrates l’emportent, le Sénat sera à égalité 50-50 et la vice-présidente élue Kamala Harris aura le vote prépondéra­nt qui permettra à Joe Biden d’éviter l’obstructio­n systématiq­ue d’une majorité républicai­ne.

Ce n’est pas pour rien que les deux partis nationaux mettent le paquet dans cette élection dont le coût risque fort de fracasser des records.

TOUS LES COUPS PERMIS

Les couteaux volent bas alors entre les deux paires de candidats.

Les démocrates accusent les sénateurs républicai­ns sortants David Perdue et Kelly Loeffler d’incompéten­ce et de corruption, eux qui se sont enrichis en bourse sur la base d’informatio­ns privilégié­es, notamment au début de la pandémie.

Les républicai­ns accusent le démocrate Raphael Warnock, pasteur afro-américain de l’ancienne église de Martin Luther King à Atlanta, d’être un radical de gauche lié aux violents anarchiste­s qui menacent les honnêtes citoyens de Géorgie. Prévisible.

Quant à l’autre démocrate, Jon Ossoff, il est accusé d’être à la solde d’une cabale globaliste menée par George Soros et Michael Bloomberg. Ossoff étant lui-même juif, les complotist­es fêlés s’en donnent à coeur joie.

Comme cette campagne ultra-négative laisse peu de place à la persuasion, les deux camps comptent avant tout sur la mobilisati­on de leurs bases respective­s.

Les électeurs voués au culte de la personnali­té du président déchu iront-ils voter si leur héros n’est pas sur le bulletin de vote ?

QUE FERA TRUMP ?

Du côté démocrate, grâce aux efforts de mobilisati­on de l’étoile montante du parti, Stacey Abrams, on est persuadé de faire revenir aux urnes la quasi-totalité de l’électorat du 3 novembre.

Du côté républicai­n, on devra compter à la fois sur l’électorat traditionn­ellement républicai­n et sur certains nouveaux électeurs d’abord loyaux à Donald Trump.

C’est là où le bât blesse. Ces électeurs voués au culte de la personnali­té du président déchu iront-ils voter si leur héros n’est pas sur le bulletin de vote ? Écouteront-ils les leaders républicai­ns de l’état si ceux-ci continuent d’être la cible d’attaques de la part de Donald Trump ?

En effet, depuis que les responsabl­es républicai­ns du gouverneme­nt de Géorgie ont rabattu le caquet du président en insistant que les résultats du vote étaient dénués de fraude, Donald Trump semble assez peu enclin à appuyer activement Loeffler et Perdue. Pire, s’il arrive à braquer ses partisans inconditio­nnels contre l’establishm­ent républicai­n de l’état, il pourrait bien faire cadeau du Sénat à Joe Biden.

Politique-fiction ? Peut-être, mais un scénario où Donald Trump dirait « après moi le déluge » et entraînera­it le Parti républicai­n dans sa chute ne semble pas si invraisemb­lable que ça.

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