Le Journal de Quebec

Bien loin de la spirale de la mort chez Hydro

Avec le Plan vert et la mise en oeuvre de ses diverses politiques visant à « verdir » l’économie québécoise et à réduire les émissions polluantes, le Québec va forcément devenir de plus en plus dépendant de l’électricit­é.

- Michel Girard michel.girard@quebecorme­dia.com

Par conséquent, Hydro-québec doit relancer la production d’énergie supplément­aire (dont la filière éolienne) en vue de pouvoir combler la hausse des besoins à compter de 2027.

Et dire qu’en 2018, l’ancien PDG d’hydro, Éric Martel, craignait une « spirale de la mort » en faisant référence à la généralisa­tion de l’installati­on de panneaux solaires photovolta­ïques à bas prix. Il pensait que cela allait permettre aux consommate­urs d’autoprodui­re une partie de leur électricit­é à des coûts égaux ou inférieurs à ceux des tarifs de la société d’état.

La production solaire photovolta­ïque étant restée marginale, aujourd’hui Hydro a notamment besoin des éoliennes pour combler ses besoins futurs. Nul doute qu’une « spirale du vent » ferait son affaire.

DÉPENDANCE ÉLECTRIQUE

Tant mieux si, dans le futur, on utilise plus d’électricit­é au Québec. Après tout, c’est notre plus grande ressource naturelle. Une énergie propre propre.

Et comme on nous le répète souventes fois, l’électricit­é au Québec coûte nettement moins cher qu’ailleurs.

Ainsi, grâce à l’électricit­é, nous bénéficion­s d’une énergie propre, à bon coût !

Qui dit électricit­é, dit évidemment monopole d’hydro-québec, la plus lucrative société d’état du gouverneme­nt du Québec.

Et comme on sait, plus Hydro-québec est rentable, plus le gouverneme­nt du Québec en bénéficie puisqu’hydro doit lui verser les trois quarts de son bénéfice net.

MA CRAINTE

Y a-t-il un danger qu’un beau jour le gouverneme­nt se serve d’hydro-québec comme « véhicule » pour hausser davantage ses revenus ?

Je le crains. Plus la demande d’électricit­é va gagner du terrain au Québec par rapport aux formes d’énergies polluantes (ce qui est en soi de très bon augure), plus le monopole d’hydro va grossir.

Plus on va dépendre d’hydro et de son « propriétai­re », le gouverneme­nt.

Si demain matin, le gouverneme­nt décide qu’hydro doit lui rapporter plus d’argent, Hydro va se virer de bord et haussera ses tarifs.

Que fera la Régie de l’énergie ? Celle-ci est tributaire du gouverneme­nt, donc à la merci de ce qu’il édicte comme règles.

Je vous rappelle que la Régie de l’énergie avait le pouvoir de fixer annuelleme­nt les tarifs d’électricit­é. Le gouverneme­nt Legault a changé les règles l’an dernier en imposant une hausse automatiqu­e des tarifs d’électricit­é en fonction de l’inflation.

Qu’est-ce qui empêche le gouverneme­nt de re… modifier les hausses futures des tarifs d’hydro en fonction d’autres critères ? Rien, c’est lui le propriétai­re du monopole hydro-électrique.

Je vous rappelle également que le gouverneme­nt Legault a refusé de rembourser une grande portion des 1,5 milliard $ de trop-perçus facturés par Hydro-québec dans le passé.

Allez-vous vous désabonner pour autant d’hydro-québec ? Eh non, faute de concurrent, on ne peut se rebrancher à un autre distribute­ur d’électricit­é.

BESOINS ACCRUS

En 2029, Hydro-québec anticipe des ventes d’électricit­é de 186,2 TW h, soit 15,8 TW h de plus qu’en 2019. Il s’agit d’une augmentati­on de 9,3 %.

Voici la répartitio­n des ventes en 2029, et la hausse en pourcentag­e par rapport à 2019.

■ Secteur résidentie­l : 72,9 TW h (8,4 %)

■ Secteur commercial : 52,6 TW h (19,8 %)

■ Secteur industriel : 60,7 TW h (3,2 %) Pour votre informatio­n, sachez qu’un TW h (térawatthe­ure) équivaut à couvrir la consommati­on en électricit­é de 54 000 ménages au Québec.

En 2029, il manquera 3,3 TW h pour répondre aux besoins d’hydro. Cela équivaut à 178 200 ménages.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK ?? Il y a à peine deux ans, l’ancien PDG d’hydro-québec Éric Martel craignait, à tort, une « spirale de la mort » pour la société d’état, une baisse irréversib­le de la demande d’électricit­é provoquée par l’autoproduc­tion via des panneaux solaires.
PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK Il y a à peine deux ans, l’ancien PDG d’hydro-québec Éric Martel craignait, à tort, une « spirale de la mort » pour la société d’état, une baisse irréversib­le de la demande d’électricit­é provoquée par l’autoproduc­tion via des panneaux solaires.
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