Le Journal de Quebec

Les libéraux aiment-ils vraiment le français ?

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Ça fait des années que, dans Le Journal, j’écris inlassable­ment sur le français qui est en danger au Québec.

Alors je ne peux pas vous dire à quel point je suis contente que cette question, essentiell­e, se retrouve au coeur des débats depuis deux semaines.

Mais j’avoue que je ne pensais pas un jour entendre le chef du Parti conservate­ur, Erin O’toole, affirmer que des deux langues officielle­s au pays, « il n’y a que le français qui est menacé ».

Pendant ce temps-là, des libéraux mettent leur parti dans l’embarras à tel point qu’on se demande s’ils aiment vraiment le français.

WHY SPEAK FRENCH ?

Comme vous, j’ai été épatée par le reportage de Marie-lise Mormina sur la prépondéra­nce de l’anglais au centre-ville de Montréal.

Hier, à QUB radio, j’ai dévoilé que la chef du Parti libéral du Canada au Québec, Chelsea Craig, a à trois reprises « aimé » des gazouillis qui dénonçaien­t ce reportage et ses conclusion­s.

Le 13 novembre, elle a

« aimé » un tweet affirmant :

« Le Journal de Montréal est un média “fake news” qui est basé sur l’intoléranc­e. Bonjour Hi sera toujours ici parce que c’est la langue d’accueil du business ».

Elle a aussi aimé ce gazouillis de l’animateur radio Terry Di Monte, que je traduis de l’anglais : « Il y a eu une enquête et il paraît qu’il y a DES ANGLOPHONE­S au centre-ville ». Comme si c’était ça qui posait problème ! Mais quelle mauvaise foi !

Le reportage du Journal portait sur la difficulté à être accueilli en français dans la métropole francophon­e d’une province francophon­e. Pas sur la présence d’anglos au centrevill­e !

Et ce même vendredi, toujours à propos du reportage du Journal, la directrice du Parti libéral du Canada au Québec a aimé un tweet qui affirmait (en anglais) : « Les employés des commerces ne voudront jamais améliorer leur français si on leur crie après en leur fourrant une caméra dans la face ».

Ce qui est évidemment, un gros fake news : ma collègue a été d’une politesse et d’une patience exemplaire.

Je vous rappelle que c’est cette même Chelsea Craig qui écrivait en septembre, comme je l’ai révélé à QUB, que la loi 101 est oppressive et qu’elle détruit l’éducation en anglais au Québec.

Bizarremen­t, hier midi, le compte Twitter de Madame Craig était effacé. Disparu. Peut-être que quelqu’un quelque part s’est rendu compte qu’elle était trop embarrassa­nte sur les médias sociaux.

UNE CHOSE ET SON CONTRAIRE

Mais il n’y a pas que

Mme Craig. Il y a aussi Emmanuella Lambropoul­os, députée de Saint-laurent, celle-là même qui remettait en question – en anglais ! – le déclin du français au Québec, en plein Comité sur les langues officielle­s !

Le 20 novembre, tout juste après avoir déclaré au comité « Soyez assurés que je ferai tout pour arrêter le déclin de la langue française au Québec », Mme Lambropoul­os a « aimé » sur Twitter le gazouillis suivant : « Le déclin du français au Québec est dramatique­ment surestimé. Et la province a un ensemble de lois injustifia­bles – et certaines inconstitu­tionnelles – pour le “protéger”. »

Décidément, au Parti libéral du Canada, il y a des gens qui parlent… des deux côtés de la bouche.

Il y a des gens qui parlent… des deux côtés de la bouche

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