DES CONTRATS PARTOUT… SAUF AU QUÉBEC
Entreprises d’ici frustrées contre le gouvernement
Une entreprise de Québec dont les systèmes d’éclairage routier sont utilisés partout dans le monde a été écartée des appels d’offres du ministère des Transports du Québec, qui lui préfère une technologie plus traditionnelle.
À ce jour, Nyx Hemera Technologies a installé des luminaires dans 75 tunnels sur quatre continents. À Singapour, son entreprise a été responsable des travaux dans deux importantes installations. Plusieurs autres contrats ont amené sa technologie aux États-unis, en Espagne, au Pérou.
Au moment où le gouvernement Legault encourage l’achat local, le président déplore le fait de ne même pas pouvoir soumissionner pour les projets dans sa province.
« Lorsque le gouvernement a la capacité d’aider les entreprises québécoises, au-delà des subventions et des crédits en recherche et développement, ce serait intéressant d’en faire de belles vitrines technologiques », soutient Pierre Longtin.
Récemment, Nyx Hemera a été écartée des soumissions pour la réfection du pont-tunnel Louis-hippolyte-la Fontaine, ainsi que pour le tunnel Ville-marie, à Montréal.
« C’est un peu aberrant qu’on ne puisse pas démontrer les technologies québécoises », déplore-t-il.
« À Boston, on est en train de faire les 25-30 tunnels de la région », ajoute-t-il pour illustrer l’ironie de sa situation.
NOUVELLE TECHNOLOGIE
Fondée en 2008, Nyx Hemera Technologies a développé une solution de contrôle intelligent de l’éclairage des tunnels routiers qui utilise le courant porteur des luminaires plutôt qu’un filage indépendant.
Pour M. Longtin, cette innovation se compare avantageusement à la méthode câblée traditionnelle, qui nécessite deux fils supplémentaires pour chaque lumière, en plus des boîtes de jonction.
« Pour 3000 lumières, c’est 12 000 points de connexion, dit-il. C’est certain que, dans le temps, il y en a qui vont briser. »
À l’opposé, M. Longtin fait valoir qu’avec sa technologie, les connexions se font directement dans la lumière.
« Donc, en termes de maintenance, ça réduit énormément les équipements à installer dans le tunnel », assure-t-il.
Un avantage indéniable, selon lui, puisque les bris d’équipement entraînent des fermetures de tunnel.
S’INFORMER
Mais le ministère des Transports du Québec (MTQ) est frileux envers sa solution et reconnaît avoir retenu « les technologies les plus connues et maîtrisées par le ministère », dans le cadre de la réfection du tunnel L.-H.-LA Fontaine, qui relie Montréal et Longueuil.
Dans une lettre adressée à Nyx Hemera le 4 mai dernier, le MTQ estimait que « les produits à courant porteur ne permettent pas de garantir la sécurité et la fiabilité du réseau », en plus de créer un « risque d’interférence » pour le système de contrôle.
Une explication qui ne tient pas la route, selon M. Longtin, dont l’entreprise a réalisé plusieurs contrats ailleurs au Canada.
« C’est le même type de réseau électrique et d’infrastructures », fait-il valoir.
Il reconnaît que le principe du courant porteur a moins bien fonctionné par le passé, mais la technologie a évolué depuis. Le MTQ, estime-t-il, n’a pas fait ses « devoirs » pour évaluer sa solution correctement.