Le Journal de Quebec

DES CONTRATS PARTOUT… SAUF AU QUÉBEC

Entreprise­s d’ici frustrées contre le gouverneme­nt

- PATRICK BELLEROSE

Une entreprise de Québec dont les systèmes d’éclairage routier sont utilisés partout dans le monde a été écartée des appels d’offres du ministère des Transports du Québec, qui lui préfère une technologi­e plus traditionn­elle.

À ce jour, Nyx Hemera Technologi­es a installé des luminaires dans 75 tunnels sur quatre continents. À Singapour, son entreprise a été responsabl­e des travaux dans deux importante­s installati­ons. Plusieurs autres contrats ont amené sa technologi­e aux États-unis, en Espagne, au Pérou.

Au moment où le gouverneme­nt Legault encourage l’achat local, le président déplore le fait de ne même pas pouvoir soumission­ner pour les projets dans sa province.

« Lorsque le gouverneme­nt a la capacité d’aider les entreprise­s québécoise­s, au-delà des subvention­s et des crédits en recherche et développem­ent, ce serait intéressan­t d’en faire de belles vitrines technologi­ques », soutient Pierre Longtin.

Récemment, Nyx Hemera a été écartée des soumission­s pour la réfection du pont-tunnel Louis-hippolyte-la Fontaine, ainsi que pour le tunnel Ville-marie, à Montréal.

« C’est un peu aberrant qu’on ne puisse pas démontrer les technologi­es québécoise­s », déplore-t-il.

« À Boston, on est en train de faire les 25-30 tunnels de la région », ajoute-t-il pour illustrer l’ironie de sa situation.

NOUVELLE TECHNOLOGI­E

Fondée en 2008, Nyx Hemera Technologi­es a développé une solution de contrôle intelligen­t de l’éclairage des tunnels routiers qui utilise le courant porteur des luminaires plutôt qu’un filage indépendan­t.

Pour M. Longtin, cette innovation se compare avantageus­ement à la méthode câblée traditionn­elle, qui nécessite deux fils supplément­aires pour chaque lumière, en plus des boîtes de jonction.

« Pour 3000 lumières, c’est 12 000 points de connexion, dit-il. C’est certain que, dans le temps, il y en a qui vont briser. »

À l’opposé, M. Longtin fait valoir qu’avec sa technologi­e, les connexions se font directemen­t dans la lumière.

« Donc, en termes de maintenanc­e, ça réduit énormément les équipement­s à installer dans le tunnel », assure-t-il.

Un avantage indéniable, selon lui, puisque les bris d’équipement entraînent des fermetures de tunnel.

S’INFORMER

Mais le ministère des Transports du Québec (MTQ) est frileux envers sa solution et reconnaît avoir retenu « les technologi­es les plus connues et maîtrisées par le ministère », dans le cadre de la réfection du tunnel L.-H.-LA Fontaine, qui relie Montréal et Longueuil.

Dans une lettre adressée à Nyx Hemera le 4 mai dernier, le MTQ estimait que « les produits à courant porteur ne permettent pas de garantir la sécurité et la fiabilité du réseau », en plus de créer un « risque d’interféren­ce » pour le système de contrôle.

Une explicatio­n qui ne tient pas la route, selon M. Longtin, dont l’entreprise a réalisé plusieurs contrats ailleurs au Canada.

« C’est le même type de réseau électrique et d’infrastruc­tures », fait-il valoir.

Il reconnaît que le principe du courant porteur a moins bien fonctionné par le passé, mais la technologi­e a évolué depuis. Le MTQ, estime-t-il, n’a pas fait ses « devoirs » pour évaluer sa solution correcteme­nt.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Pierre Longtin, président de Nyx Hemera Technologi­es, déplore que sa technologi­e soit systématiq­uement refusée dans des appels d’offres du ministère des Transports du Québec. Son entreprise a pourtant installé des luminaires ailleurs sur la planète.
PHOTO STEVENS LEBLANC Pierre Longtin, président de Nyx Hemera Technologi­es, déplore que sa technologi­e soit systématiq­uement refusée dans des appels d’offres du ministère des Transports du Québec. Son entreprise a pourtant installé des luminaires ailleurs sur la planète.

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