Violents affrontements pour la liberté de filmer en France
La loi prévoit un an de prison pour diffusion « malveillante » d’images de policiers
PARIS | (AFP) De violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont éclaté un peu partout en France, hier, alors que plus de 130000 personnes ont voulu dénoncer une loi sur la sécurité qu’ils jugent contraire aux libertés, après des scandales policiers.
« Floutage de gueule », « Qui nous protégera des féroces de l’ordre ? », « Baissez vos armes on baissera nos caméras », pouvait-on lire hier sur les pancartes des manifestations monstres qui ont entraîné des affrontements violents dans les rues de France.
C’est plus de 133 000 manifestants au travers du pays qui ont élevé la voix hier pour dénoncer trois articles d’une proposition de loi qui encadre la diffusion de l’image de policiers, et qui a reçu un feu vert de l’assemblée nationale la semaine dernière.
L’article qui a focalisé l’attention réprime d’un an de prison et de 45 000 euros – près de 70 000 dollars canadiens — d’amende la diffusion « malveillante » d’images de policiers et de gendarmes. Le gouvernement avance que cette disposition vise à protéger les policiers victimes d’appels à la haine et au meurtre sur les réseaux sociaux.
« Cette proposition de loi vise à porter atteinte à la liberté de la presse, à la liberté d’informer et d’être informé, à la liberté d’expression, en somme aux libertés publiques fondamentales », ont fait valoir des organisateurs indiquant que bon nombre de violences policières seraient restées impunies si elles n’avaient pas été capturées par l’oeil de caméras.
VIOLENCES EN FRANCE
Hier, des groupes de manifestants tout en noir jetaient des projectiles de tout genre sur les forces de l’ordre, qui répliquaient par des tirs de gaz lacrymogènes. Des scènes similaires ont aussi eu lieu dans d’autres villes comme Rennes ou Lyon.plusieurs vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des policiers violemment frappés.
Durant ces altercations, « 37 policiers et gendarmes » ont été « blessés », selon le ministre de l’intérieur Gerald Darmanin, qui a condamné ces « violences inacceptables ».
À Paris, des casseurs ont mis le feu à au moins un kiosque à journaux, l’entrée d’un bâtiment de la banque de France et une brasserie adjacente, nécessitant l’intervention des pompiers.
DES IMAGES QUI FONT HONTE
Cette forte mobilisation survient moins d’une semaine après que la police eut évacué brutalement des manifestants promigrants qui s’étaient installés sur une place du centre de Paris, malmenant également des journalistes.
Quelques jours plus tard, jeudi dernier, des images d’une caméra de vidéosurveillance ont aussi fait le tour du web, montrant le passage à tabac d’un producteur de musique noir, par trois policiers.
« Des images qui nous font honte », a admis vendredi soir le président Emmanuel Macron, qui avait déjà demandé jeudi des sanctions très claires contre les policiers incriminés.