Faire son deuil de la présidence
Un mois. Il y aura un mois ce mardi qu’une majorité d’américains aura montré la porte à Donald Trump. Il ne le prend toujours pas. Un mois, c’est long quand l’avenir d’un pays est paralysé.
Tout le monde connaît les fameuses étapes de la perte et du deuil. Elles s’appliquent tout aussi bien en politique ; demandez-le aux candidat(e) s et aux élu(e)s qui ont perdu leurs élections. Donald Trump, peu importe ce qu’il en pense, n’y échappe pas.
Il y a d’abord le déni et l’isolement, ce que le président battu vit, enfermé à la Maison-blanche à répéter faussement que l’élection a été truquée. Il ne veut tellement rien admettre qu’il a limogé l’expert de son administration qui avait certifié que ce scrutin avait été le plus sécuritaire de l’histoire américaine.
JAMAIS, AU GRAND JAMAIS
Suit la colère que Trump exprime de la manière qu’il maîtrise le mieux : des coups de gueule de 140 caractères sur Twitter. L’étape des négociations prend dans ce cas-ci la forme agressive de contestations légales.
Sur ce plan, les avocats du président accumulent les défaites comme celle de vendredi en cour d’appel fédérale où un juge — nommé par Trump — a rejeté la requête avec mépris : « Ce n’est pas en qualifiant une élection d’injuste qu’elle le devient. »
S’enchaîneront la dépression, puis l’acceptation, mais il faut se faire une raison : il est tout à fait possible que Donald Trump n’accepte jamais sa défaite.
GELÉ DANS LE TEMPS
Pendant ce temps, rien de tout à fait correct ne s’accomplit au pays. Tous ceux et celles qui doivent leur poste au sein de l’état au président républicain collaborent à reculons à la transition vers une administration démocrate.
Les partisans de Trump, fouettés par des tweets aussi rageurs que mensongers, s’enfoncent chaque jour un peu plus dans l’amertume et le goût de vengeance. Et comme il laisse planer qu’il se représentera en 2024 si le collège électoral finit par confirmer la victoire de Joe Biden, c’est son propre parti qu’il paralyse.
Une campagne à la présidence se prépare pendant des années ; il faut un programme, se faire connaître et récolter des sommes astronomiques d’argent. On peut déjà prédire que si Trump s’accroche, personne n’aura l’audace de le défier. C’est le tort qu’il a fait au parti républicain.
SINON LUI, QUI ?
Pourtant, les républicains ont beau jeu de garder espoir. Tout le monde s’entend, Joe Biden, à 78 ans, sera un président de passage.
Tout sera à recommencer dans quatre ans. Face aux démocrates, le Grand Old Party privilégiera-t-il la modération — avec Larry Hogan, l’actuel gouverneur du Maryland — ou la fuite en avant… avec Don Junior, le fils aîné du président ?
Donald Trump, entre-temps, s’en tient à la politique de la terre brûlée et tout est emboucané : la vie politique, le gouvernement de son successeur, le parti républicain et franchement, le pays au complet.
De la part de celui qui prétendait vouloir « make America great again », on repassera pour le patriotisme.