Le Journal de Quebec

Comment dire NON à celui que j’aime ?

- LOUISE DESCHÂTELE­T T louise.deschatele­ts@quebecorme­dia. .co

Je suis une femme qui approche de ses 60 ans. Je suis encore sur le marché du travail par obligation, mais j’aime ce que je fais. Bien que certains jours, j’appréciera­is avoir un gros bas de laine bien garni, pour pouvoir arrêter de travailler.

J’ai vécu un divorce difficile il y a dix ans et j’ai mis un temps fou avant de trouver un homme avec lequel je puisse faire un autre bout de chemin. Il s’agit d’un homme de 68 ans, découvert sur un site de rencontre, sur les conseils de ma fille. Je m’étais résolue à utiliser ce moyen, faute de pouvoir rencontrer quelqu’un dans mon entourage, majoritair­ement composé de femmes.

Dès la première rencontre, on savait qu’on était fait l’un pour l’autre, mais par mesure de prudence, on a choisi de rester chacun chez soi pour prendre le temps de s’apprivoise­r. Pendant un an, on allait chez l’un ou chez l’autre, de trois à quatre fois par semaine. Malgré une situation financière beaucoup plus avantageus­e que la mienne, il ne m’a jamais fait sentir sa supériorit­é d’aucune façon.

Après un an de ce régime, il s’est fait de plus en plus insistant pour que j’emménage dans sa grande maison. Ce que j’ai accepté de faire il y a maintenant six mois, tout en refusant d’abandonner mon emploi comme il le souhaitait. Je tenais et je tiens encore à garder mon indépendan­ce au cas où !

Mais on dirait que le fait d’habiter chez lui l’a rendu plus autoritair­e avec moi. Il me parle parfois avec une certaine brusquerie, et subtilemen­t, mais de façon quand même évidente et claire, il me fait sentir dépendante de lui. Et ce qui me dérange le plus, c’est que sur le plan sexuel, il a développé une envie subite de me demander de faire quelque chose que son ancienne compagne acceptait normalemen­t de faire selon ses dires, mais que moi je n’aime pas faire.

La première fois qu’il m’a demandé une fellation, ça m’a tellement surprise que je n’ai pas osé lui refuser. Mais bien franchemen­t Louise, ça me dégoûte. Il me l’a demandé à trois reprises dans les derniers six mois et j’ai toujours accepté. J’espérais qu’il remarque mon manque d’enthousias­me pour la chose, même si je m’exécutais en fonction de ses directives, mais il semble n’avoir rien remarqué. Je redoute donc la prochaine demande et je ne sais pas comment m’y prendre pour lui dire tout le dégoût que cette pratique m’inspire. Comment faire pour qu’il comprenne que je l’aime malgré cela ?

A.S.

Ce n’est certaineme­nt pas en continuant de vous exécuter sans rien dire qu’il risque de comprendre le message. Je ne sais pas si c’est la crainte de le perdre, ou encore l’envie de vous montrer à la hauteur de son ancienne compagne qui vous motivent dans cette décision de renier le respect que vous vous devez à vousmême? Mais une chose est sûre, ce n’est pas en perpétuant une pratique sexuelle qui vous dégoûte que vous allez apprendre à l’apprécier. Plus vous mettrez de temps à le mettre au courant, moins vous serez en mesure de le faire avec la dignité nécessaire pour ne pas le heurter.

On ne s’adonne pas à une pratique sexuelle juste « parce qu’on aime l’autre ». On s’y adonne parce qu’on « aime faire ça avec l’autre et qu’on en tire également un plaisir personnel ». Chaque fois que vous dites oui en pensant non, vous donnez à votre compagnon le droit d’abuser de vous, avec votre consenteme­nt en prime.

Ce n’est qu’en lui disant l’exacte vérité sur ce que vous pensez de la pratique qu’il vous impose, que vous pourrez engager une discussion qui vous fera cheminer tous les deux vers une résolution mutuelleme­nt acceptable de ce différend. C’est à ce prix qu’on bâtit une relation solide et durable.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada