Le Journal de Quebec

Au plus fort la… poche

Quand le talent ne suffit pas pour Raphaël Lessard

- Louis Butcher l ∫ Lbutcherjd­m

Malgré une victoire mémorable au mythique circuit de Talladega en octobre et un brillant parcours en fin d’année, Raphaël Lessard n’est toujours pas assuré de disputer une deuxième saison à temps plein dans la série des camionnett­es NASCAR.

L’entourage du jeune pilote de Saint-joseph-de-beauce n’a pu trouver les fonds nécessaire­s pour lui permettre de conserver son volant au sein de la réputée écurie Kyle Busch Motorsport­s (KBM) en 2021.

Et cette dernière n’a pas eu à chercher trop longtemps pour lui dénicher un remplaçant. L’argent a parlé. La bonne nouvelle, pour Lessard, c’est qu’une autre équipe de pointe engagée dans la troisième division du NASCAR, GMS Racing, lui a fait une propositio­n, moyennant toutefois des sommes astronomiq­ues pour rouler à bord de l’un de ses bolides.

TRISTE RÉALITÉ

On parle ici d’environ un million de dollars américains pour les 12 courses (sur les 22 inscrites au calendrier), selon nos informatio­ns. Pour une saison complète, la facture s’établirait à 1,8 M$ US, qu’on n’a toujours pas réussi à trouver.

À 19 ans, Lessard fait face à cette triste réalité à laquelle sont confrontés tous ceux qui rêvent de percer un jour les plus hautes sphères de la course automobile.

Les « volants clés en main » sont en effet très rares, surtout quand il est question des ligues majeures du stock-car américain. Pour y accéder, il faut des années de sacrifices, l’implicatio­n de commandita­ires généreux et des contacts très fructueux.

Chase Elliott, âgé de 25 ans, en est le parfait exemple. Couronné champion de la Coupe NASCAR il y a quelques semaines à peine, il est le fils de Bill, lui-même titré dans la spécialité 32 ans plus tôt.

FORTUNES FAMILIALES

L’autre voie royale, c’est de compter sur des fortunes familiales colossales. Les Canadiens Lance Stroll et Nicholas Latifi doivent leur participat­ion en Formule 1 au compte de banque bien garni de leur papa.

Lessard, lui, a été soutenu par son père François — propriétai­re d’une entreprise de transport en Beauce — qui, à un moment donné, n’a eu d’autre choix que de fermer le robinet.

La contributi­on d’investisse­urs québécois passionnés de NASCAR a assuré au jeune Lessard de courir dans la série des camionnett­es en 2020. Quelques-uns ont déboursé personnell­ement des centaines de milliers de dollars, rien de moins. Il appert que certains de ces parraineur­s ont quitté l’aventure. Malgré ses coups d’éclat, rien n’est acquis pour Lessard. C’est un éternel recommence­ment chaque année.

À LA MI-DÉCEMBRE

Le problème, c’est que des dizaines de pilotes de son âge frappent à la porte. Parfois moins doués, ils arrivent avec des gros dollars. Vous savez, ces gens nés dans ces familles qui craignent davantage la fin du monde que la fin du mois.

À moins de trois mois du coup d’envoi de la nouvelle saison, Lessard ne sait toujours pas s’il pourra participer aux 22 étapes inscrites au calendrier en 2021. « On travaille fort pour trouver le budget, a dit Lessard, cette semaine, en entrevue au Journal. Si on est limités à une saison de 12 courses, on va tout faire pour revenir courir à temps plein en 2022. »

Or, selon toute vraisembla­nce, l’écurie GSM a exigé des garanties financière­s à la mi-décembre pour conclure une entente.

Raphaël Lessard sera l’un des invités de l’émission Tout le monde en parle, ce soir, sur les ondes de la télé de Radio-canada. Puis, la semaine prochaine, il répondra aux questions de Julie Snyder dans la cadre du talk-show La

semaine des 4 Julie au réseau Noovo.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Victorieux en octobre dernier à Talladega, Raphaël Lessard vit présenteme­nt dans l’incertitud­e en vue de sa deuxième saison en NASCAR.
PHOTO D’ARCHIVES Victorieux en octobre dernier à Talladega, Raphaël Lessard vit présenteme­nt dans l’incertitud­e en vue de sa deuxième saison en NASCAR.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada