Le Journal de Quebec

Un championna­t marquant pour la famille Burrow

Il y a 43 ans, les Alouettes remportaie­nt la Coupe Grey sur la glace à Montréal

- Stéphane Cadorette Scadorette­jdq

Longtemps avant Joe Burrow, le quart-arrière à Cincinnati, il y a eu Jim Burrow, le demi défensif à Montréal. Il y a 43 ans, il remportait la Coupe Grey avec les Alouettes, dans des conditions climatique­s chaotiques, au Stade olympique. Le père du tout premier choix au dernier repêchage de la NFL n’est pas près d’oublier le Ice Bowl canadien, un championna­t qui a inculqué à son célèbre fils une soif insatiable de la victoire.

Dimanche dernier, la planète NFL était sous le choc. Joe Burrow, jeune prodige fraîchemen­t repêché par les Bengals pour relancer leur franchise, tombait au combat en étant frappé simultaném­ent par deux joueurs adverses ( voir autre texte). Une blessure majeure à un genou a mis fin prématurém­ent à sa première saison profession­nelle.

Il y a à peine 10 mois, il flottait pourtant au firmament après la victoire éclatante des Tigers de LSU aux dépens des Tigers de Clemson, au championna­t national universita­ire américain.

Parmi les premiers mots qui ont suivi cette conquête, à travers un déluge de confettis mauves et jaunes, Burrow a tenu à ramener sur le plancher le premier triomphe de la famille, le 27 novembre 1977, à Montréal.

« Mon père a gagné la Coupe Grey au Canada, mais depuis, la famille était frappée par le mauvais sort des Burrow. Mon père a ensuite perdu deux fois à la Coupe Grey. Mon frère (Jamie) a perdu un championna­t (avec Nebraska en 1999). Mes deux frères ont perdu des championna­ts d’état au secondaire, tout comme moi. Ce championna­t est le premier pour la famille depuis si longtemps, c’est spécial », convenait le quart-arrière.

DES BROCHES CONTRE LA GLACE

Si le mauvais sort des Burrow a vraiment existé, c’est peut-être en 1977 à Montréal qu’il a tenté de frapper en premier, sans succès.

Dans les jours précédant la conquête des Alouettes, une tempête de neige s’est abattue sur la ville. À cette époque, le Stade olympique était ouvert et le froid polaire qui a suivi a plutôt transformé la surface de jeu en véritable patinoire. De ces conditions dignes du pôle Nord, le Ice Bowl est né.

Désemparés, les joueurs des deux équipes ont essayé différente­s paires de souliers quelques heures avant le duel entre Alouettes et Eskimos d’edmonton, sans trouver de réponse.

L’histoire dit que le demi défensif canadien Tony Proudfoot a remarqué un électricie­n qui se promenait avec une agrafeuse et qu’il lui a empruntée pour munir ses crampons de broches. À ce jour, Jim Burrow cache mal un sourire dans sa voix lorsqu’il revient sur les événements qui ont précédé une victoire sans équivoque de 41 à 6.

« Les conditions climatique­s, c’était très impression­nant, surtout pour quelqu’un comme moi qui vient du Mississipp­i !

« Nous avons gagné par une bonne marge et ce fut une excellente journée pour notre équipe. Cette histoire de souliers est devenue une anecdote, mais elle n’a pas eu d’incidence sur le résultat. Nous sommes sortis très forts tôt dans le match. Personne dans ce vestiaire ne croyait que ce geste pouvait être illégal. On voulait juste s’assurer d’avoir une bonne traction. On se doutait avant même de jouer que nos chances de l’emporter étaient élevées », a indiqué l’ancien demi défensif dans un long entretien avec Le Journal.

UNE ÉPOQUE INOUBLIABL­E

Pour Jim Burrow, cela ne fait pas le moindre doute, c’est à Montréal qu’il a connu l’apogée, après avoir été libéré par les Packers de Green Bay.

Ce choix de huitième ronde dans la NFL en 1976 a porté les couleurs des Alouettes jusqu’en 1980, lorsqu’il est passé aux Stampeders de Calgary. Il s’est taillé une place de choix dans le coeur des Québécois avec 14 intercepti­ons durant ses années de loyaux services.

« On a vécu ce qui est probableme­nt l’ère la plus prolifique de la LCF et peu d’américains savent à quel point nous avons attiré d’immenses foules. C’était une belle époque et à ce jour, ce sont les plus belles années de ma vie en tant que joueur. Mon niveau de jeu était élevé et je n’oublierai jamais ces moments. C’est aussi la période de ma vie où j’ai développé les plus belles amitiés », a-t-il souligné.

La conquête de la Coupe Grey en 1977, qui était la quatrième dans l’histoire de l’équipe, devant une foule de 68 318 personnes, demeure à ce jour une fierté qui ne s’estompe pas.

« C’est le championna­t de la Ligue canadienne et on le vit avec le même honneur que n’importe quel joueur qui a pris part au Super Bowl. Il y avait au même moment une grève du transport à Montréal et tout ça ajoutait au chaos dans la ville. C’était fou ! Je pense encore à cette journée et j’en parle souvent à des gens », a-t-il tranché.

UN BEL HÉRITAGE

Burrow a par la suite eu moins de veine avec les Alouettes, qui ont échappé le saint Graal du football canadien à leurs deux années suivantes, face aux mêmes Eskimos.

C’est à la suite de sa conquête et de ses échecs qu’il s’est investi dans une longue carrière d’assistant entraîneur sur la scène universita­ire américaine. Au-delà de tout enseigneme­nt footballis­tique, c’est dans son expérience sans pareille à Montréal qu’il a pu puiser pour insuffler la rage de vaincre à son fiston.

« Nous avons souvent parlé ensemble de l’expérience de gagner un championna­t. J’ai eu cette opportunit­é de faire partie d’une équipe championne à Montréal. Un championna­t, c’est ce qui compte le plus. Dans ses entrevues, Joe parle souvent de l’importance de gagner un titre plutôt que de ses objectifs individuel­s. Je pense que c’est ce que j’ai pu lui léguer de plus important sur le plan du football », réfléchit l’homme de 66 ans.

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PHOTO COURTOISIE WAFB-TV Jim Burrow a vécu des moments exaltants quand son fils Joe a remporté le Championna­t national universita­ire américain avec LSU en janvier dernier. Il a pu célébrer avec lui sur le terrain.
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