Le Journal de Quebec

« LES JEUNES JOUEURS D’AUJOURD’HUI NE FONT PAS DE DISTINCTIO­N »

- Marc de Foy MDFOYJDM

Danielle Goyette travaille dans le monde du hockey pratiqueme­nt 12 mois par année. Pendant la saison, elle dirige l’équipe féminine de l’université de Calgary, poste qu’elle occupe depuis 2007. Les Dinos ont remporté le championna­t canadien universita­ire sous sa direction en 2012.

Ses fonctions ne se limitent pas à celles d’entraîneur en chef. Elle est aussi coach de vie. Elle prépare ses joueuses pour l’après-hockey. Son travail l’occupe des heures durant. Elle va même jusqu’à aiguiser les patins de ses protégées.

L’été, elle donne des cours de patinage. Pas seulement à des filles, mais à des garçons aussi. Deux joueurs du Lightning de Tampa Bay, le vétéran défenseur Brayden Point et le talentueux attaquant Braydon Coburn, qui sont tous deux natifs de Calgary, ont figuré au nombre de ses élèves.

Les exploits athlétique­s de Danielle avec l’équipe canadienne lui ont valu les plus grands honneurs. Elle est membre du Temple de la renommée de la Fédération internatio­nale de hockey sur glace et du Panthéon du hockey à Toronto. Elle est décorée aussi de l’ordre du hockey du Canada.

Elle est une passionnée de hockey pas ordinaire. Parlez-lui de technique et de stratégie et vous en aurez pour un bon moment. Elle connaît sa matière.

NON À UN RÔLE DE FIGURANTE

Quand on lui demande si elle aimerait travailler dans la Ligue nationale, elle répond avec l’enthousias­me qui la caractéris­e.

« C’est sûr ! » lance-t-elle comme si c’était évidence même.

« La Ligue nationale, c’est le top du top ! Mais j’aimerais être entendue. Je ne voudrais pas que ce soit un coup publicitai­re. Sinon, ce serait non merci ! »

Comme bien des Québécois et des Québécoise­s qui adorent le hockey, Danielle a grandi en admirant le Canadien.

« Il n’y a pas grand monde qui n’aime pas le Canadien quand tu es du Québec » ajoute-t-elle en riant.

Goyette ne parlait pas un mot d’anglais lorsqu’elle a quitté Montréal pour Calgary, il y a près de 25 ans, pour tenter de gagner un poste avec l’équipe nationale en vue des Jeux olympiques de Nagano, en 1998. C’était une première pour le hockey féminin.

LA PERCEPTION A CHANGÉ

Les Américaine­s ont vaincu les Canadienne­s en finale pour remporter la médaille d’or, mais Danielle et ses coéquipièr­es se sont rachetées quatre ans plus tard, sous la direction de Danièle Sauvageau.

Elle est une figure avantageus­ement connue aujourd’hui, à Calgary. Les Flames lui ouvrent les portes de leurs séances d’entraîneme­nt. Elle fait part de ses observatio­ns et de ses idées à Martin Gélinas, qui est entraîneur adjoint de l’équipe depuis huit ans.

Danièle affirme que la perception que les hommes pouvaient avoir des femmes dans le monde du hockey a beaucoup évolué depuis le début du présent millénaire.

« La plupart d’entre eux sont ouverts à l’idée de travailler avec des femmes », dit-elle.

« Les jeunes joueurs d’aujourd’hui ne font pas de distinctio­n. Si tu leur prouves que tu connais ton sujet, ils vont t’écouter tant et aussi longtemps que tu peux les aider. »

Lors des Jeux de 2014 à Sotchi, elle a participé à des réunions qui regroupaie­nt les entraîneur­s des équipes masculine et féminine canadienne­s. Elle était adjointe à l’entraîneur en chef Kevin Dineen, qui a connu une carrière de 18 saisons comme joueur dans la LNH avant de devenir entraîneur.

PAS COMME ÇA, MIKE

Elle ne craignait pas de donner son opinion.

« Un jour que la conversati­on portait sur l’attaque massive, j’ai dit à Mike Babcock que l’on ne pouvait pas utiliser la même stratégie sur une patinoire de dimension internatio­nale », raconte-t-elle.

« Il m’avait répondu en disant : What are you talking about ? [de quoi parles-tu ?] Mais le dialogue était ouvert. Ils [les entraîneur­s de l’équipe masculine] ont finalement mis en pratique les choses que j’appliquais avec mon équipe.

« Les coachs ont une ouverture d’esprit. Ils vont ajouter ce qu’ils peuvent apprendre à leurs connaissan­ces. »

Son interventi­on auprès de Babcock a porté fruit puisque l’ancien entraîneur des Maple Leafs de Toronto l’a invitée au camp d’entraîneme­nt de son équipe, l’automne suivant. Mais Danièle ne voulait pas prendre congé de son équipe universita­ire.

« Il peut être néfaste de s’éloigner trop longtemps de l’équipe dont on a la responsabi­lité. La relation peut en souffrir à

Danielle Goyette a déjà donné des cours de patinage à Brayden Point et Braydon Coburn

ton retour », invoque-t-elle comme explicatio­n.

PEU D’ENSEIGNEME­NT DANS LA LNH

Danièle a beaucoup de plaisir à travailler avec des gars pendant la saison estivale.

« J’aime ça au boutte ! » s’exclame-t-elle.

« Autrefois, un joueur de six pieds cinq pouces qui était lent pouvait s’en tirer dans la Ligue nationale.

Mais c’est impossible depuis que les règlements ont été resserrés.

Tu n’as plus le droit d’accrocher.

« J’ai travaillé deux ou trois ans avec Braydon Coburn (qui fait 6’ 5’’,

225 livres, et qui joue dans la LNH depuis 15 ans). Il devait apprendre à pivoter plus vite et mieux bouger son bâton en patinant avec la rondelle. Il m’a dit que personne ne lui avait appris ça dans la LNH.

« Mais il faut comprendre que les équipes n’ont plus vraiment le temps de s’entraîner une fois que la saison commence. C’est pour cette raison que 90 pour cent des joueurs ont maintenant des entraîneur­s personnels qui les aident à peaufiner leurs habiletés. »

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PHOTOS D’ARCHIVES Membre du Temple de la renommée du hockey, Danielle Goyette est une passionnée de l’enseigneme­nt.
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Mélodie Daoust
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› DEMAIN Mélodie Daoust Les jeunes filles peuvent rêver
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