Le Journal de Quebec

Québec demande des comptes

Loto-québec a payé 147 015 $ pour avoir omis de déclarer des opérations douteuses

- ÉRIC YVAN LEMAY ET FÉLIX SÉGUIN

Loto-québec a été forcée de payer près de 150 000 $ pour ne pas avoir transmis des informatio­ns sur des transactio­ns douteuses survenues au Casino de Montréal à l’organisme fédéral de lutte au blanchimen­t d’argent.

La pénalité imposée par le Centre d’analyse des opérations et déclaratio­ns financière­s du Canada (CANAFE) a été rendue publique le 6 novembre. On y apprend que Loto-québec a dû payer 147 015 $ en février dernier, après six ans de contestati­on judiciaire.

Auparavant, le litige avec le CANAFE était complèteme­nt secret.

Cela vient prouver certains problèmes liés au blanchimen­t d’argent au Casino, comme l’avait dévoilé notre Bureau d’enquête la semaine dernière.

On y indiquait que des leaders du crime organisé y avaient joué des millions de dollars dans les dernières années.

Le CANAFE n’impose que très rarement des pénalités financière­s, et seulement dans les cas les plus graves.

Le Casino de Montréal est d’ailleurs le seul établissem­ent de jeu au Canada à avoir écopé d’une telle pénalité dans les cinq dernières années.

Seulement six autres commerces, surtout des bijouterie­s et bureaux de change, ont dû payer pour avoir contrevenu aux règles de la loi sur le recyclage des produits de la criminalit­é.

VIOLATION TRÈS GRAVE

Les faits reprochés remontent à 2012 et ont été découverts dans le cadre d’un examen de conformité du CANAFE qui traque les transactio­ns importante­s partout au pays.

Le fédéral a retenu trois violations des règles, dont celle de ne pas avoir soumis de déclaratio­n d’opération douteuse sur des transactio­ns soupçonnée­s d’être liées à du blanchimen­t d’argent.

On reprochait aussi au Casino de ne pas avoir donné des détails précis sur la profession d’un client dans les déclaratio­ns de débourseme­nt.

Finalement, on lui reprochait de ne pas avoir évalué certaines parties de son programme de conformité et conservé les documents à l’appui.

Pour en arriver à donner une telle pénalité, l’organisme fédéral indique qu’il doit s’agir d’une violation très grave.

« CANAFE a généraleme­nt recours à une PAP [pénalité administra­tive pécuniaire] lorsque les autres options envisagées en vue d’assurer la conformité ont échoué », peut-on lire sur le site web.

LOTO-QUÉBEC SE DÉFEND

La semaine dernière, Loto-québec avait pourtant indiqué respecter toutes les règles du CANAFE et indiqué qu’aucune lacune n’avait été notée lors d’un examen de conformité en 2016.

À ce moment, Loto-québec n’avait toutefois pas précisé que cet examen faisait suite à la pénalité imposée initialeme­nt en 2014. Pendant six ans, elle a contesté avant d’accepter de payer cette année.

« Lors des lacunes survenues en 2012, le programme de conformité CANAFE relevait de la vice-présidence corporativ­e sécurité », dit Marisol Schnorr, chef de service des affaires publiques de la société d’état.

« Loto-québec a depuis amélioré ses façons de faire », ajoute-t-elle.

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PHOTO D’ARCHIVES Loto-québec a manqué à son obligation de déclarer toute transactio­n douteuse au Casino de Montréal et a payé une pénalité

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