Le Journal de Quebec

ENDETTÉ POUR LA VIE ?

Plus de dépenses pour la deuxième vague de COVID-19 et encore plus pour la relance

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

La ministre des Finances Chrystia Freeland a finalement dévoilé l’état désastreux des finances qui pourrait hypothéque­r l’avenir des bébés de la pandémie.

OTTAWA | Le fédéral lance une panoplie de nouvelles mesures d’aide qui feront bondir le déficit à un record de 381,6 milliards $ cette année, soit près de dix fois celui affiché l’an dernier. Et c’est sans compter les 100 milliards $ de plus pour stimuler l’économie après la pandémie.

« Nous allons continuer d’appuyer les Canadiens pendant cet hiver difficile […]. Et nous avons aussi, pour le printemps, un plan pour la relance économique POST-COVID-19 », a dit la vice-première ministre Chrystia Freeland, en présentant son énoncé économique de l’automne.

Son gouverneme­nt a annoncé 25,1 G$ en nouvelles mesures de soutien pour lutter contre le virus ( voir en page 4) qui s’ajouteront aux 322 G$ dépensés à ce jour, dont 81,6 G$ pour la Prestation canadienne d’urgence (PCU) uniquement.

Se voulant rassurante, la ministre Freeland a souligné que le Canada peut se permettre de tels investisse­ments, compte tenu des taux d’intérêt très bas. « Les dépenses du Canada sont prudentes et réfléchies », insiste-t-elle.

Mais rien n’est moins sûr, selon Robert Asselin, ancien proche collaborat­eur de Justin Trudeau, maintenant au Conseil canadien des affaires.

« Je sens qu’il n’y a pas de contrôle des dépenses et pas de plan pour l’avenir. Il y a un manque de rigueur. C’est décevant », dit celui qui s’attendait à un plan beaucoup plus détaillé.

PLAN DE RELANCE

M. Asselin s’inquiète particuliè­rement qu’ottawa s’engage à investir entre 70 et 100 G$, soit 3 à 4 % du produit intérieur brut (PIB), dans un plan de relance, une fois la distributi­on de vaccins engagée, sans expliquer comment.

Les détails de ce stimulus massif seront vraisembla­blement présentés lors de ce qui s’annonce être un « budget électoral », d’ici le printemps.

Or, on ne sait pas dans quel état sera l’économie d’ici là, donc cet engagement est complèteme­nt « prématuré et probableme­nt mal avisé », croit M. Asselin.

Mais selon Sahir Khan, ancien directeur parlementa­ire du budget adjoint, maintenant vice-président exécutif de l'institut des finances publiques et de la démocratie (IFPD), le plan de stimulus que promet Ottawa est « nécessaire pour aider la reprise économique ».

M. Khan estime que 10 G$ par an devraient aller uniquement dans les infrastruc­tures afin de doper la productivi­té.

Il souligne que le Canada ne fait pas cavalier seul en proposant un stimulus massif puisque les autres pays du G7 ont fait des annonces similaires.

TOUT POUR L’EMPLOI

Le gouverneme­nt a indiqué qu’il ne freinera pas les dépenses tant que les Canadiens privés de travail par la pandémie ne seront pas retombés sur leurs pieds.

Ainsi, le plan de relance prendra fin quand le taux d’emploi global, le niveau de chômage et les heures totales travaillée­s dans l’économie, entre autres indicateur­s, seront revenus à leur niveau prépandémi­e.

« Ça n’a aucun sens de se fier à ça. C’est une admission que le gouverneme­nt n’a pas de cible budgétaire », critique M. Asselin, en ajoutant que l’emploi ne dépend pas uniquement des dépenses publiques.

À ce jour, près de 80 % des emplois perdus au début de la crise ont été récupérés, mais ce chiffre pourrait encore varier en raison de la sévérité de la deuxième vague de COVID-19.

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PHOTO REUTERS La vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, a présenté son énoncé économique de l’automne, hier, à Ottawa, dans lequel le gouverneme­nt prévoit 25,1 G$ en nouvelles mesures de soutien pour lutter contre le virus.
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