Le Journal de Quebec

Yvon Pedneault

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Petite conversati­on fictive entre les deux négociateu­rs de la Ligue nationale de hockey au lendemain du week-end de l’action de grâce aux États-unis.

À noter que dans la réalité, au grand étonnement des observateu­rs, les deux hommes n’auraient eu aucune discussion depuis quelques jours.

Gary Bettman (GB) : « Salut Don !

Comment vas-tu ? »

Donald Fehr (DF) : « Ça va bien, tu as passé un bon week-end de la Thanksgivi­ng. Tu t’es bien amusé ? »

GB : « Oui, on a passé du temps en famille. Mais j’avais par moments les idées ailleurs. »

DF : « Ah oui, dans mon cas, ce fut quelques jours fort appréciés avec la famille et on a passé de bons moments. »

GB : « Dis-moi, y a-t-il une raison pour laquelle je n’ai pas eu de tes nouvelles depuis quelques jours ? »

DF : « Pour te dire la vérité, ce sont les joueurs qui m’ont recommandé fortement de ne pas faire les premiers pas. En réalité, ils m’ont tout simplement dit de ne pas t’appeler. Eux, ils ont signé une entente en juillet, je pense que les propriétai­res étaient heureux, alors pourquoi revenir sur les clauses de la convention ? »

GB : « Dans les faits, vous voulez jouer et, dans la réalité, nous voulons amorcer la saison dans les plus brefs délais. » DF : « Nous sommes prêts. »

GB : « Mais tu sais très bien qu’en juillet, la conjonctur­e économique causée par la pandémie n’était pas aussi inquiétant­e que celle qui nous perturbe présenteme­nt. » DF : « Et… »

GB : « Sans partisans dans les gradins, les pertes seront gigantesqu­es. Quelques propriétai­res croient qu’il est préférable de ne pas jouer. »

DF : « Écoute, c’est un problème que tu devras résoudre. »

GB : « Mais si vous apportiez une contributi­on additionne­lle… »

DF : « Un instant, Gary, tu me fais perdre mon temps. Tu connais notre position. À toi de trouver une solution, et cette solution se retrouve à l’intérieur de ton organisati­on. Nous, on a fait plusieurs compromis. Ça explique pourquoi on garde le silence depuis que tu as déposé cette offre démesurée, pour ne pas dire ridicule. »

GB : « Mais seriez-vous en mesure de faire quelques compromis si jamais je trouvais une formule pour réduire nos dépenses ? »

DF : « Je devrai consulter les membres, mais je ne peux t’offrir aucune garantie. » GB : « Je te reviens… »

DF : « Au fil des ans, tu as résolu plusieurs problèmes, je sais que tu trouveras une solution. À toi d’y voir. »

GB : « Mes salutation­s. »

DF : « Au plaisir. »

Clic.

NÉGOCIATEU­RS RUSÉS

Si Bettman est l’un des plus rusés négociateu­rs de l’industrie du sport profession­nel, Fehr a un curriculum vitae tout aussi impression­nant. Et il sait que son vis-à-vis a perdu un peu de son pouvoir, que l’on disait inébranlab­le. Fehr, c’est clair, va sûrement profiter d’un désaccord chez les propriétai­res pour rendre la vie encore plus difficile au commissair­e de la LNH.

Fehr va toujours s’appuyer sur le fait qu’il y a cinq mois, une entente a été signée, et que les joueurs et les propriétai­res étaient satisfaits de la tournure des événements.

Hier, le New York Post suggérait à Bettman de demander aux propriétai­res du Kraken de Seattle une avance de 300 millions $ sur le somme de 650 millions $ que la nouvelle formation versera comme droit d’entrée, 300 millions $, c’est la somme lancée par les propriétai­res en difficulté pour éponger une partie du déficit prévu.

Il s’agit d’une solution intéressan­te puisque ça ne devrait causer aucun souci aux propriétai­res de la formation de Seattle, dont les fortunes totalisent presque 5 milliards $. Une taxe de luxe a également été amenée à la table des suggestion­s. Une telle taxe donnerait plus de latitude aux directeurs généraux et apporterai­t plus de lustre à ce règlement du plafond salarial.

Est-il trop tard pour penser en fonction du 1er janvier comme coup d’envoi à la saison 2021 ?

Pas encore.

Mais le temps presse. Une décision devrait être prise dans les deux ou trois prochains jours.

Comme on ne disputera possibleme­nt pas de matchs préparatoi­res, puisque les propriétai­res n’ont rien à gagner sur le plan financier, on présume que les camps d’entraîneme­nt s’échelonner­aient sur 10 jours, que les équipes devraient garder dans l eur environnem­ent de 25 à 27 joueurs, créant ainsi un taxi squad de deux à quatre joueurs.

L’autre option, celle qui plaît aux propriétai­res des équipes éprouvant des ennuis financiers, serait un calendrier de 48 matchs et des séries éliminatoi­res allant jusqu’à la fin de juin.

Ring… Ring…

DF : « Deux fois dans la même journée, ma fois, Gary, j’hallucine. Que se passe-t-il ? »

GB : « Je voulais juste m’assurer que j’avais bien compris que vous demeurez sur vos positions, du moins pour l’instant. »

DF : « Je t’ai surtout suggéré de résoudre tes problèmes. »

GB : « Je te reviens… »

DF : « Très bien. »

Clic.

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Gary Bettman et Donald Fehr ne se seraient pas parlé ces derniers jours.
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PHOTOS D’ARCHIVES

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