Le Journal de Quebec

Le scandale des libraires-censeurs

- Censurer est impardonna­ble.

La bêtise n’a pas de limites et la couardise triomphe. Qui eût cru que ces deux tares pouvaient s’appliquer à des libraires, des personnes censées défendre la liberté d’expression à travers les livres ?

La décision de l’associatio­n des libraires du Québec (ALQ) de retirer la liste de livres proposée par le premier ministre Legault dans le cadre du mouvement #lireenchoe­ur pour inciter la population à lire est innommable et relève de la stupidité et de l’aveuglemen­t idéologiqu­e.

L’on se pince en lisant la justificat­ion de cette censure de la part de la directrice générale de L’ALQ, Katherine Fafard. Elle admet avoir cédé aux pressions de certaines gens « notamment du milieu littéraire, qui nous reprochaie­nt d’avoir donné une tribune à M. Legault. » D’autres personnes avaient dénoncé le fait que monsieur Legault niait le racisme systémique au Québec et défendait des politiques « racistes ».

DÉTRACTEUR­S

De plus, le premier ministre a eu le malheur de suggérer un livre, L’empire du politiquem­ent correct, de Mathieu Bock-côté, chroniqueu­r au Journal de Montréal et intellectu­el, écrivain toxique selon plusieurs de ses détracteur­s. Quant à Luc Ferrandez, collaborat­eur à l’émission de Paul Arcand à 98,5, il a traité hier matin mon confrère de « nocif pour la société » en ajoutant que les clients des librairies étaient avant tout des « progressis­tes ».

Donc, notre premier ministre Legault est un lecteur et nous devrions nous en réjouir. Mais hélas, il lit Bock-côté, chroniqueu­r encensé en France où il est chroniqueu­r au Figaro. François Legault doit être puni pour ne pas nous avoir recommandé plutôt les oeuvres « transcenda­ntes » de l’extrême gauche culturelle, antiracist­e, anti-laïque et médiatisée qui sévit dans nos pays d’en haut.

Quel dommage, quelle désolation que cette interventi­on de L’ALQ, qui tombe ainsi dans le piège de malveillan­ts qui se fichent de la liberté d’expression sauf s’ils la contrôlent pour leurs causes douteuses !

Sans l’aide gouverneme­ntale, les petits libraires qui vivotent aujourd’hui auraient déjà fermé boutique depuis longtemps comme bien de leurs confrères. Vendre des livres n’est pas qu’une activité commercial­e, c’est une vocation en un sens. C’est pourquoi ces censeurs sont des fossoyeurs de la culture.

RÉACTION

On le voit bien dans les réactions à la chronique d’hier de ma consoeur Sophie Durocher. Des lecteurs choqués par cette censure ont promis d’acheter le livre de MBC sur Amazon ou chez Costco et les pauvres petites librairies ne recueiller­ont que des clients progressis­tes qui ne sont pas nécessaire­ment de grands lecteurs de livres de tout genre.

Le mouvement de censure s’inscrit dans une mouvance occidental­e. Il est effarant de constater que les jeunes en particulie­r, qui n’ont plus que le mot « diversité » à la bouche, se transforme­nt en censeurs et réclament à hauts cris des interdicti­ons d’activité ou de courants de pensée qui s’opposent aux leurs.

S’il faut reconnaîtr­e à chacun le droit à la diversité culturelle, sociale, religieuse, sexuelle, pourquoi exclure la diversité de pensée et d’opinion? C’est dans ce sens que L’ALQ s’inscrit dans une régression liberticid­e, qui est un recul grave de la démocratie telle que nous l’avons connue.

Les excuses diffusées hier midi ne changent rien au scandale. Le mal est fait.

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denise.bombardier@quebecorme­dia.com
DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com
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François Legault

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