Le sort d’un autiste dans les mains de la justice
Accusé du meurtre non prémédité de sa mère
La déficience intellectuelle du jeune autiste qui a tué sa mère à coups de couteau peut-elle expliquer qu’il ait agi ainsi, ou est-ce plutôt son mauvais comportement général qui l’a poussé à commettre l’irréparable ? C’est ce que la juge Fannie Côtes devra trancher.
Depuis son plus jeune âge, Jérémy (prénom fictif) a appris que lorsqu’il désire quelque chose, il l’obtient s’il se met en colère.
Cette façon de faire a été racontée au procès par l’un des intervenants qui travaillait auprès du jeune homme en résidence à assistance continue.
Un modus operandi qui a amené le procureur de la poursuite, Me Hugo Breton, à plaider que selon lui, c’est ce seul élément qui explique le comportement du jeune homme qui, le 16 février 2019, a asséné plusieurs coups de couteau à sa mère qui lui avait pris son ipod.
« Le meurtre est intimement lié à ses besoins à lui », a-t-il laissé tomber au cours de sa plaidoirie.
CAPACITÉ À JUGER
Il a également rappelé, à plus d’une reprise, que malgré sa déficience, Jérémy a toujours été en contact avec la réalité et qu’il était en mesure de juger de la nature et de la qualité de son acte.
« Il a une capacité à juger de la gravité du geste parce qu’il se sauve pour aller se cacher dans un autre appartement. Il s’enferme en n’oubliant pas de barrer la porte et, à l’intervenante qu’il appelle, il lui dit : “viens me chercher, j’ai tué ma mère” », a-t-il ajouté.
En défense, Me Pascal Defoy a fait ressortir chacun des points, que ce soit lors des témoignages d’experts, d’intervenants ou encore lors de l’interrogatoire vidéo de Jérémy, qui démontrent que son client ne comprend visiblement pas l’ampleur de la situation dans laquelle il se trouve.
ÂGE MENTAL ENTRE 9 ET 10 ANS
Il a également tenu à rappeler qu’un jeune de moins de 12 ans ne peut être accusé d’avoir commis une infraction puisque le législateur a déterminé qu’avant cet âge, il n’était pas assez mature pour comprendre la portée de ses gestes.
« N’oubliez simplement pas que, selon les experts en défense, l’âge mental de mon client se situe entre 9 et 10 ans », a-t-il conclu.
La juge a pris le dossier en délibéré et devrait rendre sa décision en février.