Le Journal de Quebec

Le sort d’un autiste dans les mains de la justice

Accusé du meurtre non prémédité de sa mère

- KATHLEEN FRENETTE

La déficience intellectu­elle du jeune autiste qui a tué sa mère à coups de couteau peut-elle expliquer qu’il ait agi ainsi, ou est-ce plutôt son mauvais comporteme­nt général qui l’a poussé à commettre l’irréparabl­e ? C’est ce que la juge Fannie Côtes devra trancher.

Depuis son plus jeune âge, Jérémy (prénom fictif) a appris que lorsqu’il désire quelque chose, il l’obtient s’il se met en colère.

Cette façon de faire a été racontée au procès par l’un des intervenan­ts qui travaillai­t auprès du jeune homme en résidence à assistance continue.

Un modus operandi qui a amené le procureur de la poursuite, Me Hugo Breton, à plaider que selon lui, c’est ce seul élément qui explique le comporteme­nt du jeune homme qui, le 16 février 2019, a asséné plusieurs coups de couteau à sa mère qui lui avait pris son ipod.

« Le meurtre est intimement lié à ses besoins à lui », a-t-il laissé tomber au cours de sa plaidoirie.

CAPACITÉ À JUGER

Il a également rappelé, à plus d’une reprise, que malgré sa déficience, Jérémy a toujours été en contact avec la réalité et qu’il était en mesure de juger de la nature et de la qualité de son acte.

« Il a une capacité à juger de la gravité du geste parce qu’il se sauve pour aller se cacher dans un autre appartemen­t. Il s’enferme en n’oubliant pas de barrer la porte et, à l’intervenan­te qu’il appelle, il lui dit : “viens me chercher, j’ai tué ma mère” », a-t-il ajouté.

En défense, Me Pascal Defoy a fait ressortir chacun des points, que ce soit lors des témoignage­s d’experts, d’intervenan­ts ou encore lors de l’interrogat­oire vidéo de Jérémy, qui démontrent que son client ne comprend visiblemen­t pas l’ampleur de la situation dans laquelle il se trouve.

ÂGE MENTAL ENTRE 9 ET 10 ANS

Il a également tenu à rappeler qu’un jeune de moins de 12 ans ne peut être accusé d’avoir commis une infraction puisque le législateu­r a déterminé qu’avant cet âge, il n’était pas assez mature pour comprendre la portée de ses gestes.

« N’oubliez simplement pas que, selon les experts en défense, l’âge mental de mon client se situe entre 9 et 10 ans », a-t-il conclu.

La juge a pris le dossier en délibéré et devrait rendre sa décision en février.

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