Les travailleuses du sexe plus violentées en pandémie
Les clients sont plus exigeants et cassent les prix pour profiter de leur précarité
Les femmes oeuvrant dans l’industrie du sexe, contraintes de travailler en pleine pandémie faute d’aide financière, sont plus que jamais exposées aux dangers du métier.
« Il y a beaucoup de personnes qui se ferment les yeux là-dessus. Ils ne savent pas que la fille qui passe devant chez eux n’est pas capable de payer son loyer en ce moment parce qu’elle ne vend pas assez son cul », laisse tomber Mia (nom fictif).
La femme de 28 ans a été travailleuse du sexe. Elle tente aujourd’hui de prendre ses distances.
Avec la fermeture des bars et des salons de massage ainsi que la nature même du métier qui pousse les femmes à côtoyer plusieurs personnes à moins de deux mètres, les clients se font plus rares.
Le reconfinement a plombé les revenus des travailleuses du sexe, qui se trouvent en situation de très grande précarité.
« Déjà, elles n’ont pas accès à l’argent du gouvernement, comme la PCU, comme le travail est un acte criminel, rappelle Sandra Wesley, directrice de l’organisme Stella, qui vient en aide aux travailleuses du sexe. Donc, au niveau monétaire, c’est difficile. »
HOMMES PLUS VIOLENTS
Partout dans le milieu on constate que la violence a augmenté depuis le début de la pandémie. Mais les filles, elles, doivent continuer de travailler.
« Les gars sont plus nerveux avec le couvre-feu. Quand ils arrivent avec la fille, elle a besoin de donner un maudit bon service », déplore l’agent Ghislain Vallières, de la police de Longueuil.
« Ils veulent baisser les prix au minimum. Les demandes n’ont pas de bon sens. C’est un zoo », ajoute Véronique Duchesneau, travailleuse de rue pour le Volet intervention prostitution, à Lévis, sur la Rive-sud de Québec.
« Des clients ont offert de faux billets de permissions de sortie [après le couvrefeu] en échange de rabais », dénonce à son tour une membre du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement.
Mais sans mesures d’aide, « c’est normal qu’elles continuent à travailler », soutient Jennie-laure Sully de la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle.
SERVICES EN LIGNE
Certaines ont modifié leur horaire pour respecter le couvre-feu. D’autres accueillent les clients chez elles ou à l’hôtel où elles ont plus de contrôle sur les mesures d’hygiène. Peu importe leurs méthodes, la plupart ont dû se tourner vers le travail « indépendant » ou virtuel.
Elles s’affichent sur les sites de petites annonces ou le service en ligne de contenu suggestif Onlyfans, comme Mia et quelquesunes de ses amies.
« Mais avec le travail autonome, elles se retrouvent encore plus isolées et à risque de subir des violences », signale Julie Lederman du Projet intervention prostitution Québec.