Taïwan : États-unis et Chine en guerre ?
Pékin avait l’habitude d’envoyer de simples avions de reconnaissance dans l’espace aérien de Taïwan. Plus maintenant. Ces deux derniers jours, la Chine communiste a envoyé des bombardiers et des avions de chasse dans l’espace aérien taïwanais.
Il faut dire que pour montrer son mécontentement à l’égard de la Chine communiste, Joe Biden avait invité la représentante de Taïwan aux ÉtatsUnis à son investiture. Pékin n’a pas apprécié.
Depuis que le gouvernement de Xi Jinping a tordu le cou aux mouvements démocratiques de Hong Kong, en violation des accords passés entre la Chine et la Grande-bretagne, tous les yeux se tournent vers Taïwan.
La réunification est devenue la principale question de politique extérieure de la Chine continentale. Plus cette Chine devient totalitaire, moins les Taïwanais sont intéressés à troquer leur démocratie contre le joug du Parti communiste chinois.
La façon dont Hong Kong est traité par Pékin effraie à juste titre les Taïwanais.
FICTION QUI FONCTIONNE
En théorie, Taïwan fait partie de la Chine. Seule une poignée de pays reconnaissent encore Taïwan comme État indépendant. Les autres États conservent dans l’île des délégations économiques qui, sans dire leur nom, possèdent le même statut que des ambassades normales.
Tout le monde vivait très bien avec cette fiction et il était entendu que la Chine continentale ne chercherait pas à reprendre Taïwan par la force. D’ailleurs, les États-unis et d’autres pays ont conservé le droit de vendre à Taïwan de l’armement dit défensif, justement pour amoindrir la tentation de reprendre Taïwan par les armes.
AFFAIBLISSEMENT AMÉRICAIN
Mais voilà : la puissance militaire des États-unis a diminué depuis 40 ans. Au point où il est douteux que l’armée américaine puisse remporter une victoire régionale contre la Chine avec de l’armement classique. Le gouvernement américain irait-il pour défendre Taïwan jusqu’à mettre en danger ses propres territoires avec de l’armement nucléaire ? Probablement pas.
Une attaque militaire contre Taïwan coûterait très cher à la Chine communiste, économiquement, matériellement et diplomatiquement.
Mais le gouvernement de Xi Jinping oriente son pays dans une voie de plus en plus autarcique. La puissance militaire de Pékin augmente chaque année. Il y a 40 ans, la Chine communiste possédait environ la 25e armée au monde, en forces classiques. Cette armée est à présent la deuxième plus puissante. Et les investissements internationaux chinois incitent bien des États à se taire, comme le montrent les très faibles protestations des pays musulmans à l’égard de la politique de la Chine face aux Ouïgours.
Dans ces conditions, le temps est compté pour Taïwan, qui ne peut espérer qu’un effritement à long terme du régime communiste. Pékin, de son côté, n’a qu’à être patient et Taïwan tombera comme un fruit mûr.
Xi Jinping, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, aura-t-il cette patience ? Croit-il qu’envahir Taïwan servirait son ambition dévorante ?
La réunification est devenue la principale question de politique extérieure de la Chine continentale.