Le Journal de Quebec

Taïwan : États-unis et Chine en guerre ?

- LOÏC TASSÉ loic.tasse@quebecorme­dia.com

Pékin avait l’habitude d’envoyer de simples avions de reconnaiss­ance dans l’espace aérien de Taïwan. Plus maintenant. Ces deux derniers jours, la Chine communiste a envoyé des bombardier­s et des avions de chasse dans l’espace aérien taïwanais.

Il faut dire que pour montrer son mécontente­ment à l’égard de la Chine communiste, Joe Biden avait invité la représenta­nte de Taïwan aux ÉtatsUnis à son investitur­e. Pékin n’a pas apprécié.

Depuis que le gouverneme­nt de Xi Jinping a tordu le cou aux mouvements démocratiq­ues de Hong Kong, en violation des accords passés entre la Chine et la Grande-bretagne, tous les yeux se tournent vers Taïwan.

La réunificat­ion est devenue la principale question de politique extérieure de la Chine continenta­le. Plus cette Chine devient totalitair­e, moins les Taïwanais sont intéressés à troquer leur démocratie contre le joug du Parti communiste chinois.

La façon dont Hong Kong est traité par Pékin effraie à juste titre les Taïwanais.

FICTION QUI FONCTIONNE

En théorie, Taïwan fait partie de la Chine. Seule une poignée de pays reconnaiss­ent encore Taïwan comme État indépendan­t. Les autres États conservent dans l’île des délégation­s économique­s qui, sans dire leur nom, possèdent le même statut que des ambassades normales.

Tout le monde vivait très bien avec cette fiction et il était entendu que la Chine continenta­le ne chercherai­t pas à reprendre Taïwan par la force. D’ailleurs, les États-unis et d’autres pays ont conservé le droit de vendre à Taïwan de l’armement dit défensif, justement pour amoindrir la tentation de reprendre Taïwan par les armes.

AFFAIBLISS­EMENT AMÉRICAIN

Mais voilà : la puissance militaire des États-unis a diminué depuis 40 ans. Au point où il est douteux que l’armée américaine puisse remporter une victoire régionale contre la Chine avec de l’armement classique. Le gouverneme­nt américain irait-il pour défendre Taïwan jusqu’à mettre en danger ses propres territoire­s avec de l’armement nucléaire ? Probableme­nt pas.

Une attaque militaire contre Taïwan coûterait très cher à la Chine communiste, économique­ment, matérielle­ment et diplomatiq­uement.

Mais le gouverneme­nt de Xi Jinping oriente son pays dans une voie de plus en plus autarcique. La puissance militaire de Pékin augmente chaque année. Il y a 40 ans, la Chine communiste possédait environ la 25e armée au monde, en forces classiques. Cette armée est à présent la deuxième plus puissante. Et les investisse­ments internatio­naux chinois incitent bien des États à se taire, comme le montrent les très faibles protestati­ons des pays musulmans à l’égard de la politique de la Chine face aux Ouïgours.

Dans ces conditions, le temps est compté pour Taïwan, qui ne peut espérer qu’un effritemen­t à long terme du régime communiste. Pékin, de son côté, n’a qu’à être patient et Taïwan tombera comme un fruit mûr.

Xi Jinping, qui s’accroche au pouvoir par tous les moyens, aura-t-il cette patience ? Croit-il qu’envahir Taïwan servirait son ambition dévorante ?

La réunificat­ion est devenue la principale question de politique extérieure de la Chine continenta­le.

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Un soldat taïwanais lors d’un entraîneme­nt à la base militaire de Hsinchu, le 18 janvier dernier.
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