Leur chez-eux, c’est la rue
Qu’est-ce que les sans-abri mangent pour souper ? Des coups de pied. Je me souviens d’avoir entendu cette blague de très mauvais goût au primaire. Eh bien, des coups de pied, ils en ont mangé ces deux dernières semaines.
François Legault et Lionel Carmant, le ministre responsable de la Santé et des Services sociaux, ne veulent rien savoir d’exempter du couvre-feu les personnes en situation d’itinérance. L’organisme Clinique juridique itinérante se présentera d’ailleurs aujourd’hui devant un juge pour tenter d’infirmer cette décision qu’il considère comme cruelle.
Je pense à cet homme sans domicile fixe qui est mort de froid la semaine passée. De peur d’avoir une contravention, il est resté caché dans une toilette chimique, qui allait devenir son cercueil. Son nom est Raphael André. Je ne l’oublierai jamais.
Je pense aussi à ces personnes qui craignent les refuges par peur de se faire voler ou agresser et à celles qui aimeraient y aller, mais qui ne le peuvent, faute de place.
Quand on n’a pas de toit et à peine de quoi se nourrir, qu’on a des problèmes mentaux et/ou de consommation, devrait-on être pénalisé de la même manière que tout le monde quand on ne respecte pas le couvre-feu ? Non.
UN MINIMUM DE DIGNITÉ
Si on veut faire mieux, il est important :
√ Que les personnes sans abri soient officiellement exemptées du couvre-feu.
√ Que le gouvernement reste en contact constant avec les organismes directement concernés.
√ Qu’il y ait plus de places dans les refuges, de logements sociaux, de financement pour les organismes, et surtout, plus de considération pour la population itinérante.
Il est désolant de constater que les personnes en situation d’itinérance ont toujours été traitées différemment. Il est encore plus désolant de constater que lorsqu’on veut les traiter comme les autres, c’est pour les punir de rester chez elles le soir, dans la rue.