Tourigny : une fierté en argent
L’homme de hockey revient sur son expérience au Mondial junior avec Équipe Canada
Une traversée de 53 jours, qui incluait un confinement de 14 nuits dans une chambre d’hôtel de Red Deer en Alberta. À la sortie de ce marathon, André Tourigny a placé une médaille d’argent autour de son cou.
Quand il rêvait au scénario final, et il en a eu du temps pour s’évader dans ses pensées, Tourigny se revoyait partir d’edmonton avec une autre couleur de médaille pour sa première expérience comme entraîneur en chef de l’équipe canadienne.
Avant la finale, on décrivait déjà l’édition 2021 du Canada comme l’une des meilleures de son histoire. Cette équipe, construite avec 20 choix de premier tour au repêchage de la LNH, agissait comme un rouleau compresseur depuis le début du tournoi. Des victoires de 16 à 2 contre l’allemagne, 3 à 1 contre la Slovaquie, 10 à 0 contre la Suisse, 4 à 1 contre la Finlande, 3 à 0 contre la République tchèque et de 5 à 0 contre la Russie.
Pour passer à l’histoire, du bon côté de l’histoire, il restait juste à battre les ÉtatsUnis dans le match pour la médaille d’or. Mais les films n’ont pas toujours le scénario qu’on croyait prévisible. Menés par le dynamique Trevor Zegras, les Américains ont battu les Canadiens 2 à 0 le 5 janvier dernier.
FIER DE SON ÉQUIPE
Deux semaines après ce revers en grande finale, Tourigny a eu assez de temps pour décanter ses émotions.
« Je suis extrêmement fier de la performance de l’équipe, de notre façon de travailler, de notre intensité, de notre engagement et de notre structure. Mais au Canada, peux-tu dire ça quand tu ne gagnes pas la médaille d’or ? C’est ça qui est difficile à accepter. »
« Je resterai toujours fier des joueurs de cette équipe, a dit Tourigny en entrevue au Journal. J’aimerais que les gens reconnaissent tout le travail. Les joueurs ont embarqué dans notre programme. Plusieurs de nos joueurs n’avaient pas joué une seule rencontre avant le Mondial junior. Nous partions de zéro ou presque. Je ne m’attendais pas à voir un jeu aussi dominant avec ou sans la rondelle. Nous avons fini le tournoi avec 41 buts marqués contre six buts accordés. À cinq contre cinq, nous avons donné seulement deux buts. Mais nous repartons d’edmonton avec la médaille d’argent. »
« On parlait souvent d’un calendrier facile, mais on a joué contre la Finlande, contre la Russie, contre les États-unis. On n’a pas affronté les loisirs de St-eusèbe. Dans l’autre groupe, l’autriche n’avait pas une grosse équipe. Il y a le match contre l’allemagne qui a faussé les données, mais les Allemands jouaient dans des circonstances horribles. »
JUSTE UN MATCH
Tourigny, qui avait gagné l’or comme adjoint à Dale Hunter à Ostrava en République tchèque l’an dernier, a eu le courage de revoir cette finale contre les États-unis.
« J’ai regardé la finale deux fois, répond-il. Le match pour la médaille d’or, il y a toujours des choses imprévisibles. Quand tu as un moment fort, tu dois en profiter. C’est juste un match. Les États-unis n’avaient pas l’avantage dans les statistiques avancées. Si tu décidais du résultat final avec des juges, nous aurions gagné ce match. Mais le hockey ne sera jamais un sport jugé! Tu as besoin de sortir les gros jeux quand c’est le temps. Mais pour la finale de l’an dernier, c’était l’inverse. La Russie méritait probablement la victoire. Nous avons profité de plusieurs jeux chanceux. Il y avait même une rondelle qui avait frappé une caméra pour éviter une punition de plus en fin de rencontre. »
UN MOMENT UNIQUE
Tourigny a partagé les grandes lignes de son discours dans le vestiaire d’équipe Canada au Rogers Place dans les minutes suivant la défaite.
« J’ai dit que j’étais heureux de leur effort, j’étais heureux d’être leur coach. J’aimais cette équipe. Et j’ai pris le temps de leur dire. Le Mondial junior, c’est souvent une seule chance dans ta vie. Les gars rêvaient à ce tournoi depuis leur jeunesse. Braden Schneider avait parlé du Mondial junior en 2010 à Saskatoon où il était un enfant dans les gradins. Depuis ce jour, il rêvait d’y jouer un jour. Quand ça finit avec une défaite en finale, ça fait mal au coeur. Comme coach, tu as le coeur en miette quand tu vois tes joueurs avec les larmes aux yeux. Mais c’est la réalité du sport. »