Le Journal de Quebec

États-unis : retour à la case départ

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique emmanuelle.latraverse@tva.ca

L’euphorie entourant l’investitur­e de Joe Biden la semaine dernière sera-t-elle de courte durée ?

Après le soulagemen­t de voir Donald Trump enfin quitter la Maison-blanche, l’ampleur du vent protection­niste qui souffle sur les États-unis vient de frapper.

Au 6e jour de son administra­tion, le ton est donné.

Un nouveau décret confirme la déterminat­ion de l’administra­tion de favoriser les entreprise­s américaine­s dans la relance économique.

Si l’ère Trump a débuté avec la menace d’annuler L’ALENA, l’ère Biden démarre sous la menace du « Buy American ».

PLUS ÇA CHANGE…

Le Canada a déjà joué dans ce film-là. Or, Joe Biden veut aller encore plus loin que Barack Obama l’a fait pendant la crise financière de 2009.

Son décret vise entre autres à hausser les seuils minimums de contenu américain. Il espère même resserrer les exemptions octroyées au fil des ans à différents pays.

Le Canada, donc, s’enligne pour une longue valse de tractation­s diplomatiq­ues.

L’avantage, c’est que les années

Trump, ses tarifs punitifs et le chemin de croix de l’accord Canada–états-unisMexiqu­e ont permis au gouverneme­nt Trudeau de peaufiner son approche face au géant américain.

À chacun son rôle et son futur partenaire dans cette valse.

Les ministres du gouverneme­nt Trudeau devront courtiser leurs homologues américains. Puis, les provinces seront réquisitio­nnées auprès des États avec lesquels elles ont des relations étroites.

Ottawa devra aussi apprendre à composer avec un Sénat à majorité démocrate. Ironiqueme­nt, les républicai­ns pourraient se révéler des alliés indispensa­bles.

La fin de non-recevoir sur Keystone XL laisse entrevoir que l’administra­tion Biden n’hésitera pas à faire passer ses intérêts idéologiqu­es et politiques bien avant son alliance stratégiqu­e avec le Canada.

Surtout, Justin Trudeau n’aura plus le luxe de blâmer le président le plus impopulair­e de l’histoire pour les concession­s qu’il devra digérer, ou les échecs qu’il pourrait encaisser.

Sans l’épouvantai­l de son meilleur ennemi, le gouverneme­nt Trudeau a une obligation de résultat.

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