États-unis : retour à la case départ
L’euphorie entourant l’investiture de Joe Biden la semaine dernière sera-t-elle de courte durée ?
Après le soulagement de voir Donald Trump enfin quitter la Maison-blanche, l’ampleur du vent protectionniste qui souffle sur les États-unis vient de frapper.
Au 6e jour de son administration, le ton est donné.
Un nouveau décret confirme la détermination de l’administration de favoriser les entreprises américaines dans la relance économique.
Si l’ère Trump a débuté avec la menace d’annuler L’ALENA, l’ère Biden démarre sous la menace du « Buy American ».
PLUS ÇA CHANGE…
Le Canada a déjà joué dans ce film-là. Or, Joe Biden veut aller encore plus loin que Barack Obama l’a fait pendant la crise financière de 2009.
Son décret vise entre autres à hausser les seuils minimums de contenu américain. Il espère même resserrer les exemptions octroyées au fil des ans à différents pays.
Le Canada, donc, s’enligne pour une longue valse de tractations diplomatiques.
L’avantage, c’est que les années
Trump, ses tarifs punitifs et le chemin de croix de l’accord Canada–états-unisMexique ont permis au gouvernement Trudeau de peaufiner son approche face au géant américain.
À chacun son rôle et son futur partenaire dans cette valse.
Les ministres du gouvernement Trudeau devront courtiser leurs homologues américains. Puis, les provinces seront réquisitionnées auprès des États avec lesquels elles ont des relations étroites.
Ottawa devra aussi apprendre à composer avec un Sénat à majorité démocrate. Ironiquement, les républicains pourraient se révéler des alliés indispensables.
La fin de non-recevoir sur Keystone XL laisse entrevoir que l’administration Biden n’hésitera pas à faire passer ses intérêts idéologiques et politiques bien avant son alliance stratégique avec le Canada.
Surtout, Justin Trudeau n’aura plus le luxe de blâmer le président le plus impopulaire de l’histoire pour les concessions qu’il devra digérer, ou les échecs qu’il pourrait encaisser.
Sans l’épouvantail de son meilleur ennemi, le gouvernement Trudeau a une obligation de résultat.