La valse des milliards se poursuivra à Ottawa lundi
Le budget fédéral devrait contenir de nouvelles mesures reliées à la pandémie
Porté par l’imminence d’une campagne électorale, le budget fédéral de lundi va continuer à faire pleuvoir les milliards sur les Canadiens, malgré l’appel à la prudence des experts.
On s’attend ainsi à ce que la ministre des Finances, Chrystia Freeland, annonce de nouveaux programmes de stimulation économique atteignant de 70 à 100 milliards $ pour les trois prochaines années, à l’occasion de ce qui sera le premier budget fédéral depuis le début de la pandémie.
Un programme national de garderies, promesse électorale de Justin Trudeau, inspiré par celui qu’on connaît au Québec, sera aussi à l’ordre du jour avec une lourde facture à venir.
Une grande partie de ces dépenses ira gonfler la dette déjà colossale du fédéral, qui atteint maintenant 1085 milliards $, selon les plus récentes estimations, et qui a été alimentée l’année dernière par des mesures extrêmement généreuses pour contrer les impacts de la COVID-19.
Pour le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, il y a lieu de se demander si les nouveaux programmes de stimulation « sont vraiment nécessaires », puisque, semble-t-il, l’objectif d’ottawa est de ramener l’emploi aux niveaux d’avant la pandémie.
SUR SA LANCÉE
« [Sans ces programmes], l’économie est déjà sur une bonne lancée, dit-il. [L’emploi] devrait revenir aux taux prépandémie d’ici la fin de 2021 ou au tout début de 2022. »
M. Giroux craint en outre que cette injection supplémentaire de fonds stimule excessivement certains secteurs. « On risque d’y accentuer la pénurie de main-d’oeuvre », estime-t-il.
Il suggère également la prudence face au projet national des garderies. Même s’il ne remet pas en cause le bien-fondé du programme, il rappelle qu’il va entraîner des dépenses récurrentes importantes.
Le professeur d’économie à l’université d’ottawa Serge Coulombe s’interroge, lui aussi, sur les programmes de stimulation économique de la ministre Freeland.
SURCHAUFFE
Il note que la surchauffe a déjà commencé, en particulier dans l’immobilier.
« Les Canadiens ont épargné des dizaines et des dizaines de milliards de dollars pendant la pandémie, dit-il, qu’ils sont prêts à dépenser aussitôt qu’elle sera terminée », rappelle-t-il.
À la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, on apporte un bémol. La pandémie, après tout, n’est pas terminée et de nombreuses PME en souffrent encore beaucoup, souligne le porte-parole Jasmin Guénette.
« Trois programmes de soutien aux entreprises, dit-il, doivent arrêter au mois de juillet et ce serait avisé que le gouvernement les prolonge pour que les PME puissent passer à travers la tempête. »