Le Journal de Quebec

Un triste spectacle pour le fondateur de Prometic

- SYLVAIN LAROCQUE

Pierre Laurin, qui a fondé Prometic en 1994, est triste de constater le sort réservé à son « bébé ».

« C’est assez pénible de voir ça », confie-til au Journal en parlant de la forte dilution qu’ont subie les actionnair­es de Prometic dans la foulée de la prise de contrôle de l’entreprise par Thomvest, au printemps 2019.

Quelques mois plus tôt, en décembre 2018, le conseil d’administra­tion de Prometic l’avait remercié comme PDG, poste qu’il occupait depuis 1994. Il a reçu près de 2,4 M$ lors de son départ.

« La fin n’était pas amère quand on m’a demandé de partir, affirme M. Laurin. J’étais assez adulte pour comprendre. La fin est devenue amère en voyant les gens qui ont appuyé Prometic pendant toutes ces années être dilués à ce point-là. Là, c’est devenu très amer, c’est sûr. »

SITUATION DIFFICILE

Pierre Laurin reconnaît que la situation financière de Prometic n’était pas facile et que l’un des produits de l’entreprise, un dérivé du plasma, nécessitai­t une infrastruc­ture de production très coûteuse.

« On travaillai­t très fort à l’époque, précise M. Laurin. [...] Je n’ai pas eu la chance de prouver qu’on pouvait y arriver. Ensuite, c’est difficile de dire, comme gérant d’estrade [à l’égard de Thomvest]: “Ah, ils auraient pu, ils auraient pu…” Il y avait certaineme­nt d’autres façons de faire que celle qu’ils ont choisie. Celle qu’ils ont choisie les arrangeait grandement. »

POUR L’ARGENT ET POUR LA CAUSE

L’entreprene­ur souligne que les investisse­urs ont misé plus d’un milliard de dollars sur Prometic au fil des ans. En 2016, la valeur boursière de Prometic a frisé les deux milliards.

« Il y avait tellement d’actionnair­es qui étaient là pour l’argent, mais aussi pour la cause », dit-il.

« Les gens qui m’appelaient, je leur disais de bonnes choses à l’égard de ce que je croyais qui était pour arriver, alors les gens restaient. Ils me disaient : “On continue, Pierre”. [...] C’est là que le bât blesse ».

Âgé de 61 ans, Pierre Laurin concentre aujourd’hui ses énergies sur Ingenew, une pharma spécialisé­e en oncologie.

« On continue le rêve qu’on n’a pas pu terminer chez Prometic, relate-t-il. Il faut regarder vers l’avant, ça ne sert à rien d’exorciser le passé. Tu ne peux pas oublier ce que tu as appris chez Prometic. »

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