Le Journal de Quebec

La cravate est morte ! Vive la cravate !

- Pierre-olivier Zappa pierre-olivier.zappa c @tva.ca

Qui porte un costume-cravate ces jours-ci ? Pas grand monde ! Avant même l’ère du télétravai­l forcé, le traditionn­el habit masculin était en voie de disparitio­n. Est-ce que la COVID-19 aura raison de lui ?

Un an après le choc du confinemen­t, notre façon de nous habiller a radicaleme­nt changé. Les ventes mondiales de tailleurs et autres complets ont fléchi de 74 %, selon la firme GlobalData Retail. Les ventes de pyjamas, pendant ce temps, ont augmenté de 143 %.

Rien de surprenant ! Les bals et les mariages sont annulés, plusieurs profession­nels passent leur journée en « mou », et les 5 à 7 sont repoussés à une date ultérieure.

Mais attention ! Avant de l’enterrer pour de bon, le costume-cravate est loin d’avoir dit son dernier mot.

UN RENOUVEAU

« La crise est sans précédent, mais nos clients ont hâte de retrouver leurs beaux habits », souligne Jean-sébastien Gamache, tailleur de père en fils. Son local du quartier Rosemont, à Montréal, est presque désert depuis 13 mois.

« Nos clients se préparent, regardent leur garde-robe, et les commandes commencent à entrer », observe-t-il.

« Le complet, c’est un passeport internatio­nal et c’est un code, assure la copropriét­aire Geneviève Poitras. Quand tu es mal habillé, et que tu t’en vas en meeting, ça risque de virer tout croche. Les modes ont toujours évolué, mais le complet est resté, et il va rester. »

D’ailleurs, chez Gamache Tailleur, on remarque plus que jamais que les clients veulent se faire plaisir.

« Certains vont dépenser plus de 2000 $ pour un complet confection­né à partir d’une étoffe haut de gamme. Le goût pour les vêtements plus chics, plus raffinés, va revenir en même temps que la réouvertur­e des tours de bureaux. On le sent déjà », souligne ce tailleur spécialisé dans les complets sur mesure.

EN ATTENDANT

Le confinemen­t a frappé durement les Ernest, Vincent d’amérique et Tristan de ce monde, qui ont été forcés de se placer à l’abri de leurs créanciers. Le marché du « gros volume » prendra probableme­nt plus de temps à s’en remettre.

Signe que les plus gros joueurs luttent pour leur survie : le réputé manufactur­ier Samuelsohn, qui compte parmi ses fidèles clients Justin Trudeau, liquide en ce moment ses surplus. La fabrique de l’avenue du Parc, à Montréal, brade exceptionn­ellement des habits à 250 $, habituelle­ment vendus 2000 $ dans les grands magasins comme Harry Rosen. On parle d’un rabais de 90 % !

Aux États-unis, le détaillant Brooks Brothers, qui a habillé presque tous les présidents depuis 1918, a déclaré faillite. Zara a fermé 1200 magasins. La tendance du « mou » a sonné le glas de fabricants centenaire­s, ce qui n’est pas rien.

L’avenir du costard n’est pas si sombre pour autant. Convenons qu’à long terme, le confinemen­t et le télétravai­l en permanence ne perdureron­t pas. Le costume-cravate a perdu son hégémonie, mais lorsque la vie aura repris ses droits, on voudra sûrement marquer la rupture avec le quotidien covidien. Ce renouveau passera peutêtre par une belle veste, un pantalon habillé, et qui sait, une jolie cravate de soie colorée.

La tendance du « mou » a sonné le glas de fabricants centenaire­s, ce qui n’est pas rien.

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PHOTO COURTOISIE Geneviève Poitras et Jean-sébastien Gamache gardent le moral dans leur atelier de la rue Saint-hubert, à Montréal.
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