Le Journal de Quebec

L’état québécois fait confiance à la multinatio­nale chinoise

La vision du gouverneme­nt du Québec tranche avec celle de nos voisins américains

- FRANCIS HALIN ET MARC-ANDRÉ SABOURIN

Contrairem­ent aux États-unis qui considèren­t Huawei comme une menace pour leur sécurité nationale, l’état québécois estime que les appareils du géant chinois ne présentent pas de risque particulie­r.

« Pour l’instant, le Centre gouverneme­ntal de cyberdéfen­se, au sein du Secrétaria­t du Conseil du trésor, n’a aucune indication que les appareils Huawei comportent des vulnérabil­ités qui puissent compromett­re la confidenti­alité des données », a confirmé Nathalie Saint-pierre, attachée du ministre délégué à la Transforma­tion numérique gouverneme­ntale.

Lundi dernier, Le Journal a révélé que Revenu Québec, qui s’occupe des dossiers fiscaux des Québécois, utilise une soixantain­e de clés cellulaire­s Huawei, ce qui a semé l’inquiétude chez plusieurs experts en cybersécur­ité.

Du même souffle, Le Journal soulignait que la Société québécoise des infrastruc­tures (SQI) s’était tournée vers une firme qui lui a fourni de l’équipement Huawei pour stocker « une copie secondaire des sauvegarde­s ».

Ces derniers jours, le cabinet du ministère des Finances a refusé de dire s’il allait s’assurer que Revenu Québec cesse d’utiliser des clés Huawei.

EXPERTISE QUÉBÉCOISE

Le cabinet d’eric Girard a plutôt renvoyé la balle au ministre Éric Caire, délégué à la Transforma­tion numérique gouverneme­ntale, qui a à son tour sollicité l’expertise du Centre gouverneme­ntal de cyberdéfen­se lancé en 2019.

Or, pour ce nouveau centre en cybersécur­ité de 19 employés, à l’opposé des Américains, rien n’indique pour le moment que les appareils Huawei ont « des vulnérabil­ités qui puissent compromett­re la confidenti­alité des données ».

Cette analyse va dans le même sens que les propos de la porte-parole québécoise de Huawei, Sabrina Chartrand, qui a toujours démenti les accusation­s américaine­s répétées d’espionnage.

« Nous travaillon­s avec le gouverneme­nt canadien, les opérateurs et experts depuis 8 ans également. Depuis notre arrivée au Canada, aucun incident en cybersécur­ité n’a été rapporté impliquant Huawei Canada », a assuré Sabrina Chartrand au Journal qui l’a questionné­e à de nombreuses reprises sur ce sujet.

Selon l’expert en cybersécur­ité Pascal Fortin, se fier à la marque d’un produit ne suffit pas pour déterminer le risque.

« Le fait qu’un manufactur­ier soit nord-américain, européen ou chinois n’est pas une condamnati­on ou une certificat­ion que c’est bon ou mauvais », a-t-il souligné.

Il rappelle qu’à peu près tous les manufactur­iers technologi­ques s’approvisio­nnent en Asie et que des vulnérabil­ités informatiq­ues peuvent se trouver dans les équipement­s de n’importe quelle compagnie.

PAS DE POLITIQUE PARTICULIÈ­RE

Au niveau fédéral, Services partagés Canada (SPC) indique ne jamais avoir « conclu d’entente de partenaria­t ou de contrat avec Huawei ».

SPC, qui fournit des services numériques aux différents organismes fédéraux, affirme ne pas avoir de politique particuliè­re à l’égard de Huawei. Ses fournisseu­rs doivent toutefois réussir une évaluation de risque du Centre de la sécurité des télécommun­ications, une agence de renseignem­ent fédéral.

Début avril, le Bureau du directeur du renseignem­ent national américain a accusé Pékin d’utiliser « une variété d’outils, de l’investisse­ment public à l’espionnage et au vol, pour faire progresser ses capacités technologi­ques ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES AFP ?? Un des bâtiments du « campus » Huawei, siège de l’entreprise qui s’étend sur 2 km2, à Shenzhen
en Chine.
PHOTO D’ARCHIVES AFP Un des bâtiments du « campus » Huawei, siège de l’entreprise qui s’étend sur 2 km2, à Shenzhen en Chine.

Newspapers in French

Newspapers from Canada