Le Journal de Quebec

Une année en montagnes russes

Les athlètes en ont vu de toutes les couleurs en raison de la pandémie

- RICHARD BOUTIN

Jumelant les thèmes du sport et des affaires, la table ronde de l’institut national du sport du Québec (INS) a réuni, jeudi midi, différents intervenan­ts qui ont discuté de la réalité en temps de pandémie, à 100 jours du début des Jeux olympiques de Tokyo.

En cette période d’incertitud­es où les athlètes ont vécu de nombreuses phases émotives, Amélie Soulard s’est retrouvée au coeur de l’action comme jamais.

« Il y a eu le choc initial quand le Canada a annoncé qu’il ne participer­ait pas aux Jeux avant même la décision du CIO, a souligné la préparatri­ce mentale à L’INS. Cette nouvelle a déstabilis­é les athlètes. Pendant la pause de compétitio­ns, ils se sont retroussé les manches avant de vivre une période de désillusio­n au moment de la deuxième vague à l’automne. Notre travail a commencé à ce moment-là avec la fatigue et la baisse de motivation. »

« Avec l’optimisme et l’espoir que les Jeux auront lieu à partir de janvier, les athlètes étaient habités au même moment par un sentiment d’urgence, poursuit Soulard. Maintenant, il faut déterminer quel est le chemin qu’il reste à parcourir. Parmi les dernières étapes avant les Jeux, il est important de tracer un bilan de la dernière année, tirer des leçons et identifier les forces de chacun. Au cours de cette année, notre plus gros défi a été la gestion des émotions. »

Les réactions ont été différente­s d’un athlète à l’autre.

« J’ai vu le report des Jeux comme une opportunit­é, a mentionné le gymnaste René Cournoyer, qui possède son billet pour Tokyo en poche. J’avais douze mois de préparatio­n supplément­aires. C’est un cadeau que je ne pouvais pas espérer. J’en ai profité pour travailler des aspects dont je n’avais pas l’habitude. Je suis maintenant un bien meilleur athlète que j’étais il y a douze mois. Je suis persuadé que je serai plus compétitif aux Jeux. »

De son côté, la joueuse de water-polo Joëlle Békhazi est passée par toute la gamme des émotions.

« Parce que j’attendais de participer aux Olympiques depuis quatre cycles, j’ai vécu des montagnes russes d’émotions. Mon rêve devait toutefois rester le même. »

La décision du comité organisate­ur il y a moins d’un mois d’empêcher les étrangers d’assister aux compétitio­ns a été durement encaissée par les athlètes.

« Ils ont vécu une grande déception parce qu’ils voyaient la présence de leurs parents aux Jeux comme une marque de reconnaiss­ance et un cadeau à leur endroit pour souligner leur grande implicatio­n au cours de leur carrière, a indiqué la préparatri­ce mentale à L’INS. On explore actuelleme­nt beaucoup la façon dont les athlètes pourraient témoigner leur gratitude. »

DU POSITIF MALGRÉ TOUT

Békhazi a aussi retenu du positif de cette période fort différente.

« Parce que l’équipe ne voyageait plus, j’avais plus de temps pour moi et j’ai pu consacrer plus d’énergie à ma compagnie de maillots de bain et à mes études en ostéopathi­e, a-t-elle raconté. Ce fut vraiment bénéfique et cela m’a permis de garder du positif dans un moment difficile. »

Double médaillé d’or aux Jeux en ski acrobatiqu­e et maintenant à l’emploi de Walter Capital, Alexandre Bilodeau a fait partager son expérience.

« Pour les athlètes et les gens d’affaires, le statu quo n’était pas possible, a résumé le membre du comité des ambassadeu­rs de L’INS. Les objectifs d’un athlète équivalent à la mission d’une entreprise. Comme me l’a déjà dit mon psychologu­e sportif, tu ne manges pas un éléphant en une bouchée. La résilience donne un sens à chaque jour. Si un événement est important, c’est certain que tu vas être stressé, mais la question est de savoir comment tu seras à l’aise avec ce stress. Comme athlète, je me faisais une liste de choses que je connaissai­s et j’ai gardé ce truc en affaires. Cette approche m’a aidé avant ma descente finale à Vancouver. Mon hamster me parlait parce que les Olympiques de 2006 n’avaient pas été à mon goût. »

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PHOTO COURTOISIE TWITTER Préparatri­ce mentale à L’INS, Amélie Soulard estime que son plus gros défi a été la gestion des émotions des athlètes en cette période de rebondisse­ments et d’incertitud­es.

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