Les passions aident à garder le cap
Les grands passionnés de la vie, comme Geneviève Boudreault, Sylvie Maltais et Stéphane Le Tirant, s’ennuient rarement. Le confinement imposé par la pandémie aurait pu les alanguir, mais non ! Ces esprits créatifs ont rebondi pour rentabiliser leur temps et semer la joie. Trois histoires aussi variées qu’inspirantes…
TROUVER SA NOUVELLE… MICHE!
Nombreuses sont les personnes qui se sont mises à cuisiner le pain en 2020. Geneviève Boudreault, 54 ans, est l’une d’entre elles. Toutefois, ce qui n’était au départ qu’un grand intérêt s’est vite transformé en véritable fascination.
Artisane-potière, elle a dû fermer sa boutique lors du premier confinement. « J’avais soudainement du temps et je voulais bien l’occuper de façon significative. Depuis longtemps, j’étais préoccupée par la sécurité alimentaire. Puisque le pain est une des bases de l’alimentation et qu’en fabriquer nécessite très peu d’ingrédients, j’ai décidé de me mettre à boulanger », explique celle qui s’est progressivement sentie investie d’une mission.
À force de faire des tests, ses réalisations devenaient de plus en plus réussies. Bientôt, elle produisait trop de miches pour sa propre consommation. L’idée lui est alors venue d’en faire profiter sa communauté. « Quand je savais des personnes seules, j’allais leur porter un pain que je laissais dans un sac accroché à la poignée de leur porte. Elles étaient si reconnaissantes qu’elles m’appelaient pour me remercier. Certaines en demandaient d’autres et m’offraient, en retour, des pots de confiture ou des conserves maison, une tuque tricotée à la main ou des oeufs de la ferme », témoigne madame Boudreault. Tout ça a fait du bien à tout le monde.
Maintenant, la potière qui espère intégrer davantage la boulangerie dans sa vie songe à jeter les bases d’un nouveau modèle d’entreprise.
DROIT DEVANT
Sylvie Maltais est une femme hors du commun qui aime bouger. À 52 ans, elle participe encore à des compétitions de patinage de vitesse. En janvier 2020, elle remportait cinq médailles d’or au Winter World Masters Games d’innsbruck. Quelques semaines plus tard, ses entraînements prenaient fin abruptement à cause de la pandémie.
Malgré ses efforts pour demeurer active autrement, les défis et la présence de ses coéquipiers lui manquaient. Habituée à se mesurer à d’autres et à s’exercer en groupe, l’athlète cherchait une solution. « En compétition, j’entendais souvent parler de la base de vélo Tacx Neo 2T Smart. D’urgence, j’ai décidé de m’en acheter une. C’est tout ce qu’il me fallait pour rester motivée. »
Une application permet de choisir un parcours à projeter sur l’écran de télé et plusieurs participants peuvent converger virtuellement pour pédaler en groupe. « Je donne rendez-vous à des compétiteurs d’australie, d’europe ou des États-unis en ligne. Nous nous branchons tous à notre base et nous nous entraînons ensemble. Lors des trajets, la friction augmente ou diminue si nous montons ou descendons des pentes. Quand je traverse un pont de bois ou roule sur une rue pavée, je sens des vibrations. L’effet est ultraréaliste et j’atteins des niveaux d’intensité supérieurs. Cette récente passion me garde en forme jusqu’aux entraînements officiels qui doivent reprendre en septembre en prévision des Masters International Short Track Games de Calgary. Je garde le focus. »
Cela peut paraître surprenant mais, dans une tout autre intensité d’énergie, madame Maltais se captive aussi pour… le tricot! « Partout où je vais et peu importe ce que je fais, je n’oublie jamais mes aiguilles et ma laine. C’est une de mes astuces pour rester calme et concentrée. Vous ne pouvez pas savoir combien de grands athlètes tricotent! », conclut-elle.
CROQUIS ET RÉCITS
Entomologiste réputé, Stéphane Le Tirant, 58 ans, est conservateur de la collection de l’insectarium de Montréal. Il a coécrit trois livres de référence et signé une cinquantaine de publications scientifiques.
Après avoir passé huit heures par jour en télétravail devant son écran, il n’était pas question pour lui d’écouler le reste du temps en face de son téléviseur. Loin des siens pendant le confinement, il a décidé de s’engager dans un processus créatif pour se rapprocher d’eux d’une autre manière. « Depuis la naissance de mes filles, j’accumule pour elles des photos et des souvenirs. Ne pouvant les voir parce que je respecte les mesures sanitaires, j’ai profité de mes soirées pour ouvrir quelques boîtes et commencer à leur confectionner des albums souvenirs », confie celui que le dessin, la bande dessinée et la caricature ont toujours intéressé.
Il fait des liens entre son travail de conservateur et son attrait pour l’art. « Lorsqu’on crée une collection, il faut tenir compte des coloris, des formes et du thème pour produire un bel arrangement. Je suis parti de cette idée pour fabriquer mes albums.
J’ai ajouté des citations célèbres et des textes de mon cru, certains racontant des moments précieux et d’amusants souvenirs.
Des photos de famille sur une clé USB, c’est bien, mais un cahier garni de dessins, de photos et de messages des on père, c’est encore mieux. Les passionnés savent, tous à leur manière, tirer profit du temps qui passe.